10 décembre 2005 : Pour un réel contrôle extérieur des établissements pénitentiaires

Le SNEPAP FSU a dénoncé à de multiples reprises la politique répressive menée par les gouvernements successifs, dont les conséquences sont maintenant bien connues : surpopulation ayant atteint et dépassé un seuil historique, conditions de détentions inqualifiables dans les Maisons d’Arrêt, conditions de travail indignes pour toutes les catégories de personnels…

L’explosion des incidents disciplinaires et des agressions, l’impossibilité d’effectuer un travail de qualité au quotidien voire même de travailler dans des « conditions minimum », vont de pair avec le sentiment de perte totale de repères, de sens.

Quelles sont aujourd’hui les missions des personnels de l’Administration Pénitentiaire ?

Bien sûr, officiellement rien n’a changé : nous sommes toujours chargés de l’exécution des décisions de justice, et d’une mission de garde et de réinsertion.
"-" En pratique, comment peut-on faire pour parler de projet de sortie, de logique d’insertion et de non-récidive à quelqu’un qui dort sur un matelas par terre, qui partage un petit placard à plusieurs, qui ne dispose d’aucun espace d’intimité, qui n’a plus 3 douches hebdomadaires, qui est sur « liste d’attente » pour l’accès au travail, à la formation, aux activités, qui est enfermé 21 heures sur 24, pour qui l’accès aux parloirs et aux soins médicaux est réduit ?
"-" Comment peut-on demander à quelqu’un de respecter les personnels, l’entretien des locaux, les règles de vie en « collectivité », de ne pas être agressif, alors que les conditions dans lesquelles il exécute sa condamnation s’apparentent à « un traitement inhumain et dégradant » (cf le rapport du Comité européen de prévention de la torture) ?

Les personnels pénitentiaires eux aussi sont « mal traités » car on leur demande de gérer encore et toujours une situation qui est ingérable, et dont seule une aggravation est prévisible !

La loi récemment adoptée dite de lutte contre la récidive ne fera qu’accroître le recours à l’incarcération.

Le SNEPAP FSU dénonce l’absence de toute volonté politique de modifier cette situation autrement que par des « moyens immobiliers » qui ne régleront absolument rien ! Nous nous opposons à toute tentative d’augmenter le nombre de places disponibles dans les établissements pénitentiaires par le biais de solutions du type « Algeco » dans les cours et/ou transformation des salles d’activités en « dortoirs » !

Par manque de personnel et de temps, la prise en charge des personnes condamnées à des courtes peines devient, dans bien des établissements, minimale. La nouvelle procédure d’aménagement des peines instaurée par la loi Perben 2 qui vise à éviter les sorties sèches, n’a pas changé la donne.

Cette procédure lourde administrativement, contestable sur ses modalités n’a pas été accompagnée de moyens financiers et humains suffisant pour garantir son efficacité.

Le SNEPAP FSU est engagé et s’engagera dans toute action unitaire afin de dénoncer les conditions dans lesquelles les personnels pénitentiaires travaillent aujourd’hui.

Nous exigeons une politique pénale respectueuse des engagements européens de la France, afin que les personnels n’éprouvent plus ce sentiment -violent- d’inutilité sociale et de terrible gâchis humain et financier !

Ces constats ne doivent pas rester dans le cercle des initiés, la république par l’intermédiaire de la représentation nationale doit s’en emparer.

C’est pourquoi nous appelons les parlementaires à exercer leur droit de visite et à réclamer la mise en œuvre d’un réel contrôle extérieur des établissements pénitentiaires.

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