Réunion « métiers » du 1er avril : TRÊVE DE PLAISANTERIES

L’administration pénitentiaire réunissait le mardi 1er avril les organisations professionnelles dans le cadre du « comité de suivi » sur les groupes de travail SPIP. Cette réunion devait officialiser la réorientation des travaux.

Nous nous réjouissions de constater que l’administration avait reconnu qu’elle faisait fausse route. Nous allions prendre beaucoup de plaisir à discuter de la façon très concrète dont elle entendait associer les personnels et leurs organisations professionnelles dans cette réflexion.

Nous allions prendre le temps de revenir sur le compte-rendu des différentes réunions de groupes, principalement sur celui des magistrats mandants, au contenu parfois délirant (inviter les SPIP à former les associations pour favoriser la délégation de mesures, animation de groupes par des magistrats…).

Nous allions féliciter l’administration pour son idée lumineuse de créer une « cellule » parallèle, visiblement en place depuis de longs mois, sur la question de l’évaluation, alors même que ce thème est censé être abordé et traité par nos fameux groupes de travail, tant il est vrai que deux précautions valent mieux qu’une.

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NON ! Nous étions le 1er avril, c’était donc une plaisanterie ! Le SNEPAP-FSU n’a rien fait de tout cela. Nous avons demandé que soit « mise sur la table » la décision de l’administration de passer en force sur le dossier des CPIP placés et de la pré-affectation.

En janvier, lorsque l’administration nous avait fait part de son intention d’imposer des postes de CPIP placés aux futurs stagiaires de la 18ème promotion de CPIP, le SNEPAP-FSU avait clairement rejeté cette proposition. Nous considérons que la nature même de ces postes impose de ne recruter que des personnels expérimentés, volontaires et en tous cas titulaires. L’administration prenait note. Depuis ? Silence radio… jusqu’à ce que la DAP

elle-même, interrogée il y a quelques jours par le SNEPAP-FSU, confirme qu’un certain nombre de postes de CPIP placés seraient imposés aux CPIP de la 18ème promotion, en voie de stagiairisation.

Comme nous l’avons indiqué à de multiples reprises, l’administration prend le problème à l’envers en privilégiant le passage en force sur les postes non pourvus, plutôt qu’en activant le levier de l’attractivité du dispositif de CPIP placés. A cet égard, le renoncement de la DAP à tenir son engagement de création d’une indemnité spécifique est un véritable scandale. Mais au-delà des errements de la DAP, c’est en premier lieu la pré-affectation qui démontre une nouvelle fois ses effets pervers.

Il y a 48 heures, la DAP, interpellée cette fois par les représentants des personnels à la CAP des CPIP, a fermé la porte à toute tentative de discussion en nous indiquant que le dossier de la pré-affectation n’était pour l’instant pas d’actualité et qu’il serait abordé dans le cadre de la réflexion menée par les groupes de travail…

Et bien soit. Nous attendions donc la DAP ce mardi à l’occasion de la réunion sur les groupes de travail, afin de fixer à l’ordre du jour la formation des CPIP. C’est fidèle à sa « doctrine » que la DAP a refusé d’ouvrir ces discussions. C’est fidèle à nos convictions et à notre conception de l’intérêt des personnels, que nous avons quitté la table, seuls.

Nul besoin d’un groupe de travail ! La question de la formation des CPIP, et plus spécifiquement celle de la préaffectation, a déjà donné lieu à moult rapports officiels, étude de l’ENAP, qui s’élevaient tous contre ce dispositif.

Ironie suprême, à une époque pas si lointaine, c’est Madame GORCE, elle-même, qui faisait des propositions alternatives pour régler les problèmes liés à la pré-affectation.

Comment comprendre une administration qui, un jour, vous annonce inclure la formation initiale des personnels dans les sujets abordés par les groupes de travail actuellement ouverts, pour le lendemain refuser d’aborder cette même question à l’occasion du groupe OS sensé être informé des travaux en cours, pour en définitive piétiner le surlendemain en CAP la qualité de la formation des CPIP et le dispositif de CPIP Placés…

Cette question des CPIP placés n’est que la nouvelle illustration d’une administration qui, par désintérêt ou incompétence, torpille tout ce qui pourrait constituer une avancée pour les SPIP… Nous pensions ces temps

révolus, et pourtant, nous constatons :

"-" La réorganisation des services et le déploiement de la pluridisciplinarité, abandonnés en rase campagne….et l’ensemble des services avec, et ce malgré l’inscription de ces travaux dans le protocole de 2009…

"-" L’élaboration d’un nouveau schéma de formation initiale, rien à l’horizon depuis 2009 malgré les promesses…

"-" L’abandon de la pré-affectation annoncé par la DAP puis aussi vite oublié…

"-" L’entêtement de PMJ qui a refusé d’entendre nos avertissements sur le DAVC, ce qui nous a fait perdre 5 ans sur l’élaboration d’un outil d’évaluation…

"-" Le néant du travail sur les organigrammes…

"-" Le déploiement d’ORIGINE, qui est une véritable insulte aux agents, à leur conscience professionnelle alors qu’ils font face depuis des années à des charges de travail délirantes…et la pitoyable « sortie de crise » qui vient de leur être imposée avec la bénédiction des autres organisations professionnelles, transformant une misérable défaite en victoire du siècle…

"-" La volonté ostensible d’écarter les OS, au premier rang desquelles le SNEPAP-FSU, du groupe de travail "métiers du SPIP"…

Aujourd’hui, la DAP va a contrario de toutes les recommandations formulées pour la création des CPIP placés…

Rien sur l’indemnitaire, contrairement aux engagements pris en 2013 et, à présent, un renoncement à n’affecter que des personnels expérimentés, contraire aux préconisations du rapport IGF-IGSJ…

Une nouvelle fois, par manque d’ambition et par incompétence, la DAP s’apprête à transformer une bonne idée en désastre…

Il en a coûté à notre organisation, convaincue de la nécessité pour notre administration, pour les personnels et leurs organisations, de s’engager dans une vaste réflexion de fond sur l’état de nos services et sur l’avenir des SPIP.

Il en a coûté au SNEPAP-FSU, qui, depuis de nombreuses années, s’investit dans une réflexion sur l’évaluation, les méthodologies d’intervention et la pluridisciplinarité.

Mais lorsque les fondamentaux et l’intérêt des futurs professionnels et de l’ensemble des personnels sont en jeux, les gesticulations ne suffisent plus !

Alors même que le projet de réforme pénale est menacé, et peut-être à travers lui les engagements pris en matière de recrutements, les postures et les faux semblants n’ont plus leur place !

Consciente de l’intérêt d’un dépassement des clivages lorsque des enjeux essentiels sont en cause, le SNEPAP-FSU s’est rapproché de l’UGSP-CGT. Des propositions d’action à la hauteur de ces enjeux ont été faites, afin d’adresser un signal fort de mobilisation et d’unité à la DAP. L’UGSP-CGT a décliné ces propositions, ainsi qu’une approche commune pour cette réunion du 1er avril.

Pré-affectation et CPIP placés, organisation du temps de travail, parodie de dialogue social, services livrés à eux-mêmes,… le SNEPAP-FSU ne se contentera pas de miettes, nos exigences pour une formation de qualité et des conditions de travail dignes ne sont pas négociables.

Paris, le 2 avril 2014

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