« Le dîner de cons » se rejoue à Aix
Les personnels du SPIP d’Aix en Provence, pour les remercier d’une année 2011 pour le
moins chargée en émotions, sont invités au théâtre…
Alors que le service, qui n’est plus ni dans
les normes d’hygiène, de sécurité et d’accessibilité, ni en mesure de permettre l’accueil du public
qui lui est confié, était en quête de nouveaux locaux, les personnels viennent de voir leur filer sous
le nez un site à même de tous les recevoir. Par soucis d’économie, les locaux actuels étant de la
propriété de l’Etat, le service « milieu ouvert » sera coupé en deux, et une partie de l’équipe
délocalisée vers un site moins ambitieux que celui initialement convoité, de l’autre côté du
carrefour..
Communication et harmonisation des pratiques, à rebours des consignes du moment
Alors que tous les rapports officiels publiés ces dernières semaines exigent l’amélioration
de la communication au sein des SPIP et l’harmonisation des pratiques ; alors que l’Administration
pénitentiaire se saisit des dites exigences pour vendre son DAVC ; alors que le principe de
pluridisciplinarité prend enfin un sens avec l’arrivée dans nos services de psychologues et de
personnels de surveillance….le milieu ouvert sera éclaté en 2 pôles étanches, et l’antenne d’Aix en
Provence sera de fait éparpillée en 5 entités (2 pour le milieu ouvert ; l’équipe en poste à la Maison
d’Arrêt d’Aix, le binôme au CPA/CSL, et l’équipe qui officie au CD de Salon…). Cet isolement et cet
appauvrissement des pratiques fera suite aux effets déjà ressentis après la disparition locale de la
mixité.
Pour gagner du temps, il faut savoir en perdre, un concept pénitentiaire.
Les futurs locaux ne devant pas recevoir de personnes sous main de justice, les
personnels qui y seront affectés devront donc marcher, traverser le carrefour les dossiers sous le
bras, pour aller recevoir le public dans les locaux actuels…En dehors du fait qu’ayant déjà des
permanences délocalisées dans le département ils auront le sentiment d’être des VRP de la
Justice, chacun imagine bien, alors que les agents sont dans l’incapacité de répondre à l’intégralité
de leurs missions de par leur charge de travail, combien cette situation burlesque sera
chronophage…Le service des domaines, et les grands patrons de l’AP savent ils que chaque
minute compte dans le contexte actuel et que lorsque, comme c’est régulier, une PSMJ ne se
présente pas, l’agent en profite pour travailler sur une urgence ou sur un autre dossier ? Comment
le fera t’il lorsqu’il n’aura pas accès immédiat à ses dossiers ?
Cohésion et dynamique d’équipe, la pénitentiaire invente la dispersion participative…
Pour répondre à une équipe qui a longtemps souffert d’un sentiment d’isolement ; pour
favoriser l’intégration de personnels de surveillance dont l’arrivée a questionné culture et pratiques,
avec des personnels qui auront plus que jamais besoin les uns des autres alors que les premières
mesures de type « segment 1 » sont confiés aux premiers cités ; et pour donner davantage de
confiance à des personnels contractuels envoyés au « carton », l’administration propose la
dispersion des agents…
Sécuriser l’insécurité…
A Aix, la sécurité n’est pas un tabou ; on démontre sans difficulté combien on arrive sans
scrupule à la fouler du pied à la Maison d’Arrêt…Par souci d’équité, il n’y a qu’à étendre le
phénomène au milieu ouvert ! Diminuer le nombre d’agents en présence en multipliant les sites,
c’est inévitablement faire accroître les risques en cas d’incident majeur !
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Alors qu’il est déjà difficile de satisfaire tous les agents quant à la gestion des planning et
des congés ; alors que les exigences de l’encadrement viennent de se durcir quant au quantum
d’agents présents en permanence sur site…comment accepter les conséquences d’une scission
du service sur ces questions pratiques ? L’affaire sera lourde pour les CPIP…mais que dire pour
les personnels administratifs en nombre très restreint ?
L’économie pour les nuls…
Nous serions curieux d’avoir une idée des économies que l’Etat fera pour la réhabilitation et
l’entretien de 2 sites au lieu d’investir sur une structure pérenne…Car d’investissements (et d’une
baguette magique il nous semble), il devra bien être question pour les locaux actuels lorsqu’on lit
le rapport de l’inspection Hygiène, sécurité et conditions de travail daté du début d’année…un
rapport qui aurait du donner lieu à bien des nuits blanches à des décisionnaires concernés….
Nous serions curieux de savoir pourquoi les locaux actuels ne pourraient pas être offerts à un
autre service public, ou cédé au privé pour nous permettre d’investir ailleurs ? Et surtout, nous
souhaiterions savoir pourquoi les économies se font toujours sur le dos du SPIP à l’heure même
où, dans une schizophrénie dont il a le secret, l’Etat communique abondamment sur la
construction de nouvelles prisons, et l’amour qu’il se découvre pour les SPIP…
C’EST NON ! Le SPIP ne sera pas « le c.. de classe mondiale »
– Les personnels du SPIP d’Aix exigent un déménagement mais s’opposeront physiquement
à un mouvement ailleurs que sur un site à même de tous les accueillir.
– Ils ne participeront à aucune réunion de réflexion sur les modalités de ce déménagement.
– Les organisations syndicales étudieront toutes les opportunités légales relatives,
notamment, aux règles d’hygiène et de sécurité, pour attaquer les décisions administratives
à venir. Elles prendront leurs responsabilités en communiquant, au delà de l’administration
pénitentiaire, sur le rapport de l’inspection Hygiène et sécurité susmentionné.
– Les personnels ne mettront pas en vigueur le DAVC, et les CPIP cesseront de proposer les
dossiers de type segment 1 à destination des personnels de surveillance tant il est évident
que les principes de communication, d’harmonisation, de pluridisciplinarité officiellement
portés par ces outils ne sont même pas appliqués sur des questions aussi basiques et
fondamentales que l’accueil physique des agents et du public.
Nous passons notre tour pour le rôle de François PIGNON, et nous renvoyons
le service des domaines et les décideurs de l’Administration pénitentiaire à leurs
maquettes d’allumettes.