Le rythme de travail des personnels de surveillance en établissements pénitentiaires
La détention est un service public de continuité absolue. Les personnels de surveillance exerçant en établissements sont soumis au travail en équipe selon plusieurs cycles de travail différents.
La fatigue des agents n’est pas uniquement liée aux horaires de service. Plusieurs facteurs jouent leur rôle :
⇒ la nature des activités professionnelles:
⇒ l’éloignement du domicile
⇒ la qualité du travail en équipe
⇒ le manque de ressources humaines.
Il n’en demeure pas moins possible pour l’administration d’organiser les services de façon à prévenir les conséquences néfastes sur la vie privée des agents (présence et soutien familiaux, continuité de soins…) et à respecter le rythme biologique humain.
Le SNEPAP-FSU partage les conclusions du rapport MOLLARD publié en 2016, lequel met en lumière les rythmes de travail chronobiologiques des personnels de surveillance, et leur inadaptation à une prise en charge efficiente des personnes détenues.
La fatigue engendrée par les cycles de travail des personnels de surveillance, notamment le cycle 3/2 ou le 4/2, fragilise les habiletés sociales des agents. Outre les difficultés en compétences relationnelles et les nombreuses heures supplémentaires, ce cycle 3/2, par exemple, génère des épuisements professionnels physique et moral.
Le cycle 3/2 suppose :
J1 : soir (12h45/19h)
J2 : journée ou matin ou soir (soit environ 8h de travail pour la journée) J3 : matin ET nuit (le matin 6h45/13h ET 18h45/7h du matin)
J4 : récupération descente de nuit
J5 : repos hebdomadaire
Le SNEPAP-FSU déplore que l’administration ait diligenté une étude dont elle semble ne pas suivre, à l’échelle nationale, les préconisations.
L’idée du rapport MOLLARD d’une rotation entre les postes en et hors détention, et une répartition équilibrée entre temps de repos et temps de travail semblent primordiales. La préconisation sur le rythme “M – M – S – S – N – N – DN – RH – RH – RH” est inspirante.
Pour le SNEPAP-FSU, d’autres rythmes fonctionnent.
Ainsi, la Maison d’Arrêt du Mans, en son Quartier Arrivant, a expérimenté avec succès et mis en œuvre, depuis 5 ans, le cycle : Longue Journée – LJ – Nuit sèche. Ces agents appartiennent toujours aux équipes 3/2.
La qualité de ces conditions de travail a permis le recrutement d’agents formés à la labellisation, une qualité de vie/travail augmentée et par conséquent des risques psycho-sociaux réduits. Outre la fidélisation des personnels, ce rythme permet une meilleure prise en charge des PPSMJ.
Actuellement, avec les soutiens tant des organisations représentatives que des agents, la MA du Mans poursuit cette innovation en déployant l’expérimentation de ce cycle sur les quartiers d’isolement et disciplinaire.
Pour des conditions de travail respectueuses du rythme biologique humain et en adéquation avec les dimensions socio-familiales des personnels,
le SNEPAP-FSU souhaite donc que la DAP ouvre une recherche /action nationale sur le cycle L J – L J – Nuitsèche.Porteur d’innovation et soucieux du bien-être des agents, le SNEPAP-FSU revendique l’abrogation du matin ET nuit.
Paris, 7 octobre 2022