Antenne de Lure ou le récit d’un service public laissé à l’abandon

La situation de l’ALIP de Lure est symptomatique de nombreuses antennes de cette dimension :

Modeste structure, en zone rurale, au sein de laquelle se trouve une Maison

d’Arrêt que certains qualifieraient de petite taille mais qui, par sa capacité, est devenue site de désencombrement de ses trois maisons d’arrêt voisines.

Modeste structure, au sein de laquelle les 4 CPIP, dont 1 stagiaire, ainsi qu’1 personnel administratif, constituent les maigres ressources humaines.

Modeste structure, dans de très modestes locaux, prologues à ce récit…

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Les locaux de l’antenne de Lure, au sein desquels chaque agent dispose d’un poste de travail, présentent donc les caractéristiques suivantes :

"-" inaccessibles aux personnes handicapées

"-" absence de sas de sécurité (l’espace entre les escaliers et la porte d’accès à la salle d’attente ne nous semblant pas suffisant pour constituer un véritable sas !)

"-" absence de bureaux d’entretien

"-" problèmes récurrents de fermeture des portes

"-" absence d’alarme pouvant être activée en cas d’incident avec une PPSMJ

"-" amoncellement de boîtes de carton, d’appareils cassés, … dans la salle de réunion qui sert également de « dépotoir », salle d’archivage surchargée et commune au local informatique.

A ces difficultés sommes toutes préoccupantes s’ajoutent les difficultés propres à ces modestes antennes confrontées à une activité qui ne l’est pas : permanences en milieu ouvert, permanences en milieu fermé, permanences d’orientation pénales, permanences délocalisées ( au nombre de deux, ce qui, s’agissant d’un territoire rural, semble tout de même un minimum ), BEX, congés, retours ENAP, etc…

Autant de petites choses de la vie d’un service conduisant régulièrement un agent à se retrouver seul en poste au service…. avec interdiction de recevoir les publics convoqués…

Mais au-delà de la question des locaux dont semble se saisir enfin la DISP avec la mise en place d’un audit sécurité, se posent surtout les questions des moyens octroyés à cette antenne et de la place de l’encadrement !

L’équipe de Lure est constituée actuellement :

"-" d’1 cadre qui vient d’arriver mais sa venue a été présentée comme une mesure de sanction et l’intéressé n’aurait pas le droit de prendre de décision sans l’aval du DFSPIP…

"-" d’1 PA à 0,80 ETP

"-" de 3 CPIP à temps plein + d’1 CPIP stagiaire préaffectée, soit 3,5 ETP

Quelques chiffres concernant l’ALIP de Lure …

Sur l’année 2013, 397 mesures ont été ouvertes en milieu ouvert, avec un stock de 314 mesures au 31/12/2013.

En milieu fermé, il y a eu 236 entrants à la MA de Lure pour 228 sortants.

Au total, l’antenne mixte de Lure a donc dû assurer la prise en charge de 633 mesures… par 3,5 ETP.

Aux prises en charge individuelles s’ajoutent quelques modestes champs transversaux ou commissions diverses, dont nous épargnerons au lecteur la longue litanie, pour se concentrer uniquement sur les CPU. La CPU donc… à laquelle la présence des CPIP est obligatoire. Et nulle question pour l’encadrement de se substituer au CPIP dans cette noble tache qui constitue son travail…

S’agissant des relations avec le magistrat mandant, elles sont descendantes et à destination du CPIP par le biais de demandes incessantes et multiples. Il appartiendrait ainsi au CPIP :

"-" de se déplacer de toute urgence au domicile d’un placé en PSE qui a arraché son bracelet alors qu’il avait déjà été entendu par les forces de l’ordre et pouvait être joint par téléphone

"-" de compléter les démarches déjà effectuées pour vérifier la situation professionnelle d’une PPSMJ (contrat de travail / fiche de paye demandées / contact avec l’employeur) en demandant le Kbis de l’entreprise, ….

"-" de se rendre chaque mois au chevet d’un placé en PSE dans le coma pour vérifier que son état de santé n’a pas évolué

Faisons le calcul du temps accordé à la probation dans ces conditions …

Sur le temps de travail des CPIP, il faut déduire :

"-" 1 CPU par semaine, soit ½ journée par semaine

"-" 1CAP par mois, soit ½ journée voire 1 journée par mois

"-" ½ journée / semaine en Maison d’Arrêt

"-" 1 à 2 permanences / semaine pour les POP (33 POP réalisées en 2013) et le milieu ouvert

"-" le temps consacré aux champs tranversaux que nous quantifions à – a minima- 1 journée / mois

"-" ½ journée par semaine consacrée à la réunion de service

Après ce décompte, le temps que chaque agent peut consacrer à la probation reste risible !

Comment assurer une prise en charge de qualité dans ces conditions ? Comment permettre aux agents d’exercer leurs missions dans des conditions de sécurité (avec 2 agents présents au service) ?

Il s’agit d’une équation impossible, au vu des ressources de l’antenne !

Le SNEPAP-FSU fait le constat que le service ne peut remplir ses missions dans ces conditions.

Mulhouse, le 9 avril 2014

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