LE MERITE EN PRIME !
C’est avec amertume que le SNEPAP-FSU a découvert la répartition des primes de fin d’années entre
les personnels de l’Administration Pénitentiaire : seuls les personnels des établissements
surencombrés, les personnels administratifs des SPIP, ou ceux bénéficiaires d’un TOS percevront
une prime de fin de gestion pour cette année 2009.
Nul doute que ces personnels le méritent.
Toutefois, le SNEPAP FSU a toujours soutenu une reconnaissance identique pour tous les
personnels de la DAP et si l’attribution de primes ne doit pas en être le principal vecteur, elle y
participe tout de même ! C’est dans cette optique que le SNEPAP-FSU avait interpellé la DAP pour
que les personnels administratifs ne soient pas une nouvelle fois les grands oubliés… Quel résultat !
Pour le SNEPAP FSU, l’émoi que suscite dans les services, la nouvelle de l’attribution de
certaines primes, devrait plutôt faire réfléchir nos gouvernants de tous niveaux sur le constat
flagrant de l’échec de la politique du « mérite » dans la gestion des personnels.
Ainsi, les sentiments qui subsistent sur les terrains après une telle annonce oscillent entre
l’écoeurement, la colère et la démotivation des exclus de la prime et la discrétion voire la gêne des
bénéficiaires alors même qu’ils n’usurpent en rien cette légitime reconnaissance ! Bref, la mise en
concurrence des personnels bien loin de créer l’émulation dans les services, mais au contraire exclut
des personnels et divise les services. Pourtant, c’est bien l’action conjointe de tous les personnels qui
permet au service public pénitentiaire s’assumer efficacement ses missions !
De plus, les critères d’attribution des primes, et du mérite en général, dont la pertinence semble
provenir de quelque intuition divine ou d’un jeu de hasard, ne peuvent souder des équipes vers cet
objectif commun. En effet, d’une part faire un geste envers les personnels des établissements
surencombrés c’est admettre une pénibilité, certes bien réelle, mais non pas reconnaître de la qualité
d’un travail que d’autres réalisent également ailleurs, quel que soit le type d’établissement ou SPIP.
Dès lors quel objectif est donc poursuivi par cette attribution d’une prime de fin de gestion ? S’agit-il
créer une dynamique dans les services ? Ou s’agit-il plutôt d’adresser un geste compassionnel à des
équipes qui sont bien assez professionnelles et lucides pour savoir que leur situation est difficile ?
Année après année, la situation des établissements pénitentiaires est dénoncée dans toute l’Europe
comme n’étant ni constitutive d’un cadre de travail de qualité ni respectueuse de la dignité des
personnes incarcérées. Dans un tel contexte, pourquoi donc s’acharner à faire des distinctions entre
les personnels ? Sinon pour diviser…
Enfin, si l’Administration souhaitait souligner l’importance du hiatus qui existe entre la vision
gestionnaire et la réalité économique des fonctionnaires, elle n’aurait guère pu trouver de meilleur
moyen. Alors qu’elle pense récompenser financièrement ses équipes, la faiblesse de la gratification
attribuée est insuffisante au regard des difficultés financières qui s’accumulent pour nombre de
personnels. La commission de secours, pour laquelle le SNEPAP FSU élabore en CNAS les critères
d’attribution des aides aux personnels du Ministère de la Justice, croule sous les demandes. L’écart
entre le coût de la vie et la revalorisation des traitements s’élargit année après année…
L’Administration pense peut-être pouvoir le combler par l’octroi de primes de fin d’année… Si
l’intention n’est pas mauvaise et que toute prime est bonne à prendre, la reconnaissance des
personnels ne passera que par une vraie revalorisation du point d’indice et des salaires décents
adossés à des grilles statutaires révisées bien au-delà des maigres réformes des catégories C et B.
Une réelle politique de reconnaissance de l’ensemble des personnels pénitentiaires est
indispensable et urgente. Le SNEPAP-FSU continue à lutter dans ce sens !
Paris le 2 décembre 2009