QUELLE PREVENTION DE LA RECIDIVE ?
Nos missions sont en voie d’être précisées par différents textes (circulaire, loi pénitentiaire). La prévention de la
récidive est consacrée comme objectif de l’action des SPIP. Très bien, c’est ce que notre syndicat revendique !
Mais, qu’est-ce que la prévention de la récidive ? Car derrière cette notion somme toute assez générique, on
peut mettre tout et n’importe quoi !
La lutte contre la récidive fait l’objet de toutes les attentions politiques cherchant à satisfaire une opinion
publique insécurisée par des discours simplistes et par la brutalité des faits divers. Dans ce contexte, cette
expression sert l’affichage médiatique du « tout répressif ». Au prétexte de prévenir la récidive, on justifie la
multiplication des mesures de sûreté, l’instauration des peines planchers, la généralisation de l’expertise
psychiatrique en voie devenir le passeport vers la liberté…
Dans notre domaine d’intervention, cette tendance aboutirait au recours unique au contrôle qui nie la
prise en charge individualisée de notre public.
Cependant, la lutte contre la récidive est un objectif essentiel. Ne pas occuper cet espace, c’est ouvrir la voie à
une politique pénale de relégation des personnes en considération d’une « dangerosité » dont la sphère ne
cessera de s’étendre !
Nous, personnels du service public pénitentiaire, pouvons et devons jouer notre rôle en affirmant ce qui est le
plus propice à prévenir la récidive !
Il est temps que les politiques pénales aient le courage d’affirmer que prévenir la récidive passe par
l’individualisation de la peine ! Les moyens doivent être avancés en ce sens !
Pour le SNEPAP-FSU, l’individualisation se formalise par une prise en charge qui repose sur des outils
nombreux comme l’entretien individuel bien sûr, le travail pluridisciplinaire ou, si l’expérimentation en cours
conclut à leur utilité, les programmes de prévention de la récidive. Ceux-ci à leur tour ne peuvent devenir une
vitrine médiatique mais doivent être le fruit d’une évaluation sérieuse des besoins. Les personnels d’insertion et
de probation doivent être les acteurs de leur construction et de leur mise en oeuvre à la condition d’avoir reçu
une formation renforcée et adéquate. De plus, les groupes de paroles ne doivent pas dévier sur un objectif
thérapeutique mais correspondre au travail sur le sens de la peine face au groupe social que représente le cercle
de parole.
La prévention de la récidive doit s’inscrire dans une logique humaniste et avoir comme objectif une
réintégration citoyenne dans la société des personnes confiées au service public pénitentiaire. Celles-ci ne
doivent pas être stigmatisées et ne doivent être privées que de la seule liberté d’aller et venir et non de celle
d’accéder aux droits, notamment sociaux, dont bénéficie chaque citoyen ! Veut-on créer un modèle social
spécifique aux personnes condamnées, et pense-t-on que ceci pourra vraiment contribuer à leur réinsertion ?
Pour éviter cet écueil, à quand une politique volontariste INTERMINISTERIELLE pour que l’enjeu de la
récidive ne se joue pas au simple échelon « Justice » ?
Le SNEPAP-FSU continuera à se battre contre les politiques sécuritaires simplistes et contre productives
telles que celles que le gouvernement tente de mettre en oeuvre actuellement !
Pour une réelle politique de prévention de la récidive, courageuse, responsable et intelligente, donnons
aux personnels pénitentiaires les moyens d’accomplir leurs missions !