Secteur encadrement : DIRECTEURS de SPIP, notre métier : prévenir la récidive

Sans personnels, sans moyens, sans écoute, sans soutien, sans reconnaissance …

Ignorés par notre administration qui ne pense, ne respire, n’existe que par et pour la prison….

Ignorés par les médias qui recherchent le sensationnel de la prison au détriment du sens de la peine…

Mais déclarés coupables lorsque la récidive se présente….

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Inondés par nos directions interrégionales pénitentiaires de demandes de statistiques, d’audits aux conclusions

inexploitées….

Confrontés à des services de l’Etat ou à des collectivités locales qui refusent l’accès au droit commun à nos

publics parce qu’eux-mêmes manquent de moyens….

Confrontés à des autorités judiciaires qui mènent une politique pénale inflationniste en matière carcérale….

Alors même que toutes les études le démontrent : la prison fabrique de la récidive….

A l’heure où la conférence de consensus initiée par notre ministre va rendre ses préconisations pour

lutter contre la récidive, nous, DIRECTEURS des SERVICES PENITENTIAIRES D’INSERTION ET DE

PROBATION, dénonçons la position intenable dans laquelle se trouvent nos services, les SPIP, pour

mener à bien leur mission.



Les moyens qui nous sont donnés aujourd’hui pour suivre les personnes qui nous sont confiées par l’autorité

judiciaire sont inversement proportionnels au nombre de personnes que nous prenons en charge.

Nos services sont au bord de l’asphyxie ! Le suivi des alternatives à l’incarcération, des aménagements de peines,

des personnes incarcérées constitue le quotidien des conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation qui

cumulent à ce jour plus de 120 personnes à suivre chacun et des heures supplémentaires non rémunérées et

non récupérées à n’en plus finir.

Le développement de la surveillance électronique devenue la principale mesure d’aménagement des peines

augmente considérablement la charge de travail des SPIP, tant des conseillers pénitentiaires d’insertion et de

probation par les enquêtes et suivis qu’elle génère, des personnels administratifs, que des surveillants en charge

de la pose et du contrôle des placés.

Nous nous débattons au quotidien pour expliquer, convaincre de l’importance de notre travail, pour faire

reconnaître sa complexité, sa spécificité, le professionnalisme de nos équipes qui, par leur formation et leur

expérience, ont su développer des outils d’évaluation, des méthodes de prise en charge des personnes ainsi que

des programmes de prévention de la récidive qui ont démontré leur intérêt.

Nous sommes conscients qu’il reste du chemin à parcourir,

que la lutte contre la récidive est un enjeu sociétal.

Nous refusons d’être écartés par notre administration, comme c’est le cas aujourd’hui, de tout dialogue social

sur nos missions, nos moyens, notre formation, notre statut….NOTRE DEVENIR.

Nous refusons que notre administration focalise son action sur la prison, au détriment des SPIP et de leurs

personnels alors que sont prises en charge 194000 personnes en milieu ouvert pour 67000 en détention.

Nous refusons que notre administration nous ignore, notamment en nous écartant de certains postes, y compris

ceux qui touchent au coeur de nos missions… Aussi, nous exigeons un statut à la hauteur de nos responsabilités

et des enjeux qui pèsent sur les SPIP.

Nous demandons que nos services et les personnels qui les composent soient étroitement associés à chacune

des étapes qui conduiront à l’élaboration de la loi annoncée à l’issue de la conférence de consensus.

Et parce que la prévention de la récidive est l’affaire de tous, nous refusons aujourd’hui de continuer à

être un simple alibi pour une administration pénitentiaire dépassée, qui mène un combat d’arrière

garde : celui de défendre sa prison.



Les représentants SNEPAP-FSU des personnels de direction de SPIP

Paris, le 18 février 2013

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