Point trop n’en FO !

D’après le dernier tract de FO-direction, « l’encadrement supérieur (sic !) » de l’administration pénitentiaire considère que le mouvement social des personnels des SPIP constitue une « défaillance » qui met en danger l’individualisation des peines des personnes détenues au risque de compromettre « l’équilibre fragile des détentions » !

Nous les remercions de soutenir ainsi, assez maladroitement et sans doute involontairement, les personnels en mouvement en soulignant l’impact induit par la grève du zèle exercée actuellement dans nombre d’établissements. Le SPIP ne serait-il donc plus une plante verte ?

D’ailleurs, en parlant de zèle, on relèvera que certains directeurs n’en ont pas manqué en s’empressant de signaler à leur hiérarchie les « absences » des CIP dans l’objectif clair d’obtenir des sanctions pour ces « électrons libres » qui agissent décidément, comme bon leur semble, et qu’il convient de remettre au pas !

On sent poindre ici, une pensée conservatrice, réactionnaire d’un quarteron de DSP à la retraite soulignant la nostalgie d’un temps sans doute béni où les services socio éducatifs, alors sous leur coupe, étaient enjoints de contribuer à la sacro-sainte paix sociale en détention !

Cela prêterait à rire si dans le même temps, cette organisation syndicale ne se livrait pas à une lamentable attaque en règle contre l’existence même des SPIP, considérant que ceux-ci ont « accouché d’une nouvelle bureaucratie qui s’est auto-alimentée sans réelle réflexion sur son bien fondé ». Et de conclure que ces services devraient être réorganisés et leurs missions simplement relever des services sociaux de droit commun !

C’est une façon comme une autre (mais sans doute pas la meilleure) de se débarrasser des SPIP, partenaire pénitentiaire qui, à force de se voir confier des responsabilités croissantes dans l’exécution des peines, semblent constituer une gêne.

Si on reste pantois devant l’indigence de l’argumentation, on ne peut qu’être affligé par l’ignorance confondante de ce syndicat quant à la construction des SPIP, l’évolution de leurs missions et la place qu’ils occupent aujourd’hui.

Et surtout, à l’heure où la pluridisciplinarité devrait être de mise pour allier, enfin, les missions de garde et de réinsertion dans une logique globale et cohérente de prévention de la récidive, l’esprit purement corporatiste de ce texte est tout simplement consternant !

Un syndicat qui conteste un mouvement du personnel est en soi une curiosité mais ici il ne s’agit pas que d’une position de confort. FO-direction semble bien mal supporter la fin de sa prérogative historique, de son privilège passé : la position de cogestionnaire de l’AP.

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