COMMUNIQUE DE PRESSE Permission de sortir, politique de l’exécution des peines : DIGNITE !

Nous avions cru ce temps révolu, il n’en est donc rien. Depuis 72 heures, c’est dans la plus grande indignité que des personnalités politiques, des organisations syndicales, des médias, pour certains sans aucune once de recul, surfent sur un drame. La seule nouveauté, à la lumière des pratiques connues depuis trois ans ? Un pouvoir exécutif pétrifié qui renoue avec la « politique en réaction » pratiquée par ses prédécesseurs.

Comme tristement devenu de coutume, un événement dramatique contribue non pas à interroger ce qui fonctionne et ce qui peut être amélioré, mais à jouer avec la politique de la terre brûlée en remettant en cause un ensemble de dispositifs qui a pourtant fait ses preuves. Avons-nous perdu tout sens commun que nous sommes devenus incapables de raison et de réflexion autre que binaire ?

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Depuis 24h, on lit et on entend que, chaque jour, une personne détenue bénéficiaire d’une permission de sortir s’évade. Au-delà d’une information erronée1, qui est là pour expliquer aux français que les 158 autres permissions quotidiennes se déroulent sans aucune difficulté ?

Depuis 24h, on lit et on entend parler de permissions de sortir qui seraient octroyées à tout va, d’évasions en cascade. Mais qui est là pour expliquer aux français que les personnes condamnées ne bénéficient en moyenne que de 0,91 permission de sortir chaque année2, et que 99,5 % d’entre elles ne donnent pas lieu à évasion ?

Depuis 24h, on lit et on entend, y compris au sommet de l’Etat, qu’il faut revoir le dispositif des permissions de sortir et celui des aménagements de peine. Mais qui est là pour expliquer aux français qu’il n’y a pas eu aussi peu de permissions de sortir depuis plus de 10 ans, avec une diminution historique entre 2013 et 2014, et que pour la première fois depuis des années, le nombre de libérations anticipées encadrées est à la baisse3 ?

Qui sommes-nous, surtout, pour nous croire suffisamment savants au point d’ignorer le flot d’études françaises et internationales qui prouvent qu’en axant toute la politique pénale sur la seule exécution de peines d’emprisonnement, des peines d’emprisonnement menées jusqu’à leur terme sans phase probatoire en milieu ouvert, nous fabriquons de la récidive ? Est-ce le bon sens, que sous couvert d’émotion évidemment partagée par toutes et tous, il faille fabriquer de la récidive ?

Comment peut-on cautionner l’ignorance d’un élu de la République qui ne sait pas qu’un Juge de l’Application des Peines est un magistrat comme les autres, et qu’il rend lui aussi ses décisions au nom du peuple français ?

Jusqu’à quand va-t-il falloir supporter les déclarations selon lesquelles il y aurait de bon fonctionnaires, chantre de l’ « intérêt » des français dans un Ministère, et de mauvais fonctionnaires, incarnation du mal absolu, dans un autre Ministère ? Les professionnels de l’exécution des peines exigent le respect !

Aujourd’hui, une organisation professionnelle de fonctionnaires de police appelle à manifester devant le Ministère de la Justice, dans un communiqué qui laisse à entendre que la justice n’est pas rendue pour le peuple français, mais pour une catégorie professionnelle ; non pas par le peuple français, mais par une catégorie de professionnels. Mais quel Etat de droit, quelle démocratie peut tolérer une telle confusion des pouvoirs ?

Le SNEPAP-FSU demande à ce que chacun maîtrise ses nerfs et fasse preuve de dignité. La douleur et le besoin de comprendre ne justifient pas toutes les dérives. Paris, le 8 octobre 2015

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