Déclaration liminaire SNEPAP-FSU CTP-SE – 28 février 2011
M. le directeur,
L’émotion suscitée par les évènements de Pornic a été violente pour tous les citoyens et la
recherche frénétique de « responsables » parmi les fonctionnaires du Ministère de la Justice et
des Libertés a été d’autant plus mal vécue parmi les personnels de l’Administration
Pénitentiaire, et ceux des SPIP en particulier.
La façon dont notre administration et le pouvoir
exécutif dans son ensemble se sont purement et simplement défaussés de leurs responsabilités
sur des personnels, jetés en pâture à l’opinion publique, est totalement inadmissible. Pourquoi
ce silence de votre part, monsieur le directeur ? Notre colère est à ce jour loin d’être éteinte !
Elle l’est d’autant moins que ni la DAP ni le Ministère ne font à ce jour la moindre annonce
sérieuse en matière de recrutements et de budgets de fonctionnement et d’intervention !
Quand la DAP va-t-elle sérieusement prendre la mesure de l’état de ses services, et notamment
des services pénitentiaires d’insertion et de probation qui ont été placés sous les feux
médiatiques ces derniers jours ?
Savez vous, Monsieur le Directeur, qu’aujourd’hui on menace de sanctionner des CIP car ils
refusent d’assurer des tâches de secrétariat en l’absence d’un effectif suffisant de personnels
administratifs ? Pourtant de nombreux services crient leur cruel manque dans ce domaine
depuis des mois… A Lille, ce sont les personnels d’insertion et de probation qui doivent assurer
l’accueil des publics… A Besançon, voilà des mois qu’aucun personnel administratif n’est
disponible pour faire fonctionner l’antenne… Est-ce bien de cette façon que vous envisagez la
qualité du travail des personnels ? Est-ce sur ces bases que vous souhaitez « compléter nos
moyens de pilotage » ?
Savez vous, Monsieur le Directeur, que sur les antennes de Beauvais, Dax, Maubeuge,
Boulogne-sur-Mer, Abbeville, se sont systématiquement plus de deux cent voire trois cent
mesures qui sont affectées, vous comprendrez que nous ne disions « suivies », par CPIP… Est-ce
dans ces conditions que vous souhaitez « mettre en oeuvre nos outils de diagnostic
criminologique et diversifier les modes de prise en charge des publics sous main de justice » ?
Savez-vous, Monsieur le Directeur, que sur les antennes de Maubeuge ou encore Versailles, des
CIP stagiaires ont désormais en charge le suivi de près de 100 personnes condamnées, ceci en
totale contradiction avec les protocoles de formation qui plafonnent le nombre de mesures par
stagiaire à 50 ? Que se passera-t-il demain, Monsieur le Directeur, lorsque l’une des 100
personnes suivies par un stagiaire récidivera ? De qui, le pouvoir exécutif viendra-t-il
rechercher cette fois la responsabilité ? Des référents de stage qui ne bénéficient d’aucune
décharge d’activité pour ces tâches ? Des personnels titulaires dont vous avez scandaleusement
réduit le décompte du temps de formation continue voilà à peine deux mois ? Est-ce ainsi que
vous souhaitez « insister sur la nécessité de la formation professionnelle » ?
Monsieur le Directeur, il ne s’agit pas là d’exemples ponctuels ou sporadiques mais bien d’une
situation globale dont le Ministère doit prendre la mesure. Les SPIP, comme l’ensemble du
système judiciaire, sont aujourd’hui à la dérive, victimes d’une gestion délétère où l’obsession
économique prime sur toute autre considération, où l’arrêté fixant le nombre de recrutements
de CPIP pour l’année 2011 ne prévoit que 48 postes, où les budgets d’intervention qui
permettent le financement de multiples dispositifs indispensables à l’individualisation des
peines, sont amputés de 20 à 30% d’une année sur l’autre.
Voilà la réalité de vos services, Monsieur le Directeur. Et vous conviendrez que nul besoin de
groupes de travail pour engager dès à présent des recrutements exceptionnels de CPIP, DPIP ou
encore personnels administratifs, pour renforcer immédiatement les équipes d’encadrement par
l’intégration de tous les CSIP, pour annoncer le renfort d’équipes pluridisciplinaires
(psychologues, personnels de surveillance, coordinateurs socioculturels, etc.) !
Si nul ne conteste la nécessité d’affiner nos méthodes d’évaluation pour améliorer la prise en
charge individualisée des personnes sous main de Justice, si la réflexion sur les modes de prises
en charges adaptées aux besoins et aux problématiques identifiés est nécessaire, ces travaux
n’ont aucun sens tant que les services pénitentiaires d’insertion et de probation continueront à
gérer la pénurie. La prévention de la récidive nécessite du temps, de la sérénité et des moyens.
Celà même que la DAP et le Ministère refusent aujourd’hui aux professionnels que nous
sommes. Il n’y a rien de plus à discuter pour l’instant ; les représentants du SNEPAP-FSU ne
participeront pas à ce CTP-SE.
Paris le 28 février 2011