Elections professionnelles : le SNEPAP-FSU, toujours présent…
Le chapitre des élections professionnelles 2011 est désormais clos et c’est avec une bonne dose d’amertume que
le Ministère peut contempler le fiasco.
Plus d’un mois après le dépouillement, les services RH de la DAP viennent
enfin, ce jour, de communiquer les résultats définitifs de la plupart des scrutins. Les remontées d’informations
opérées par nos militants nous ont toutefois permis d’en dresser un bilan préalable.
Si le Ministère de la Justice et des Libertés s’est illustré comme le seul incapable d’organiser les opérations de
vote dans les délais impartis et a été contraint de les reporter d’un mois, le secrétariat général du Ministère, en
charge du dossier n’a pas retenu la leçon et ne s’est guère donné les moyens d’assurer la tenue de ce « deuxième
essai » dans des conditions optimales : enveloppes portant la date de validité au 20 octobre que certains bureaux
de poste ont refusé pensant qu’elles n’étaient plus valables ; boîtes postales maintenues ouvertes entre les deux
dates et ayant donc pris en considération les premiers votes réalisés sans l’intégralité du matériel… Pire, le soir du
dépouillement a donné lieu à des changements de directives à moins de trois minutes du début des opérations de
dépouillements ! C’est ainsi qu’à 15h57, le secrétariat général décide d’accepter l’ajout de noms sur les listes
électorales sur certains sites ou encore de prendre en considération les enveloppes non-signées, en contradiction
totale avec la circulaire du 16 août 2011. Résultat, nombre de petits services, qui ont rapidement achevé le
dépouillement, ne recevront pas ces consignes à temps…
Pour le SNEPAP-FSU, il est clair que le
Ministère a fait le choix d’assurer
prioritairement la tenue des scrutins à
l’urne, donc ceux des grands services et des
corps numériquement importants, au
détriment des votes par correspondance,
donc des petits services ou corps.
L’effet de ce choix se fait sentir sur les taux de participation des
votes par correspondance qui, à l’administration pénitentiaire, sont
plus faibles que ceux de 2007, ou de 2009 pour les corps communs.
Tous les scrutins des CAP accusent une baisse de participation :
moins 4,73% pour la CAP des CPIP (70,24%), -11,79% pour les
adjoints administratifs (61,35%), -14,07% pour les Secrétaires
Administratifs (63,27%), -15,68 % pour les DPIP (71,88%), -25,01%
pour les CSIP (67,10%), ou -27,81% pour les corps de commandement (61,07%). Le vote des personnels de
surveillance, à l’urne, est à l’inverse en légère hausse avec 74,22% de taux de participation. De même, les
résultats à notre disposition ce jour nous permettent de conclure à des taux de participation moins importants
pour le vote aux Comités Techniques Interrégionaux (CT-I) dans les services qui votaient par correspondance
que dans les établissements pénitentiaires où le vote se déroulait à l’urne. A titre d’exemple, sur la DISP de Lille,
les établissements pénitentiaires ont voté à 77,87% et les SPIP à 67,11%, soit un écart de près de 10%. Les
résultats généraux reflètent donc en partie cette surreprésentation des votes à l’urne au détriment des votes
par correspondance.
Avec 2927 voix, soit 6,65% des voix, la FSU conserve
son siège au CT-M et reste donc la 6ème organisation
professionnelle du Ministère de la Justice et des
Libertés devant l’alliance CFTC/SLAM (1,57%), la CGC
(1,95%), Solidaire (1,77%) ou le SPS (2,76%), à quelques
voix de C-Justice (3841 voix pour 8,73% et 1 siège) et de
la CFDT (3198 voix pour 7,27% et 1 siège) et derrière
l’UNSA (29,94% et 5 sièges), la CGT (20,37% et 4 sièges)
et FO (19,07% et 3 sièges).
Ceci n’aura pas été sans conséquence sur différents
résultats nationaux, notamment ceux du Comité
Technique Ministériel (CTM). La FSU, dont l’électorat
traditionnel est principalement issu de corps et de
services numériquement moins importants (PJJ, SPIP…),
aurait pu craindre pour son siège ministériel mais il n’en
est rien. Par ailleurs, si la représentation au CTM était
jusqu’alors issue des votes en CAP, la loi du 5 juillet 2010
a mis en place le principe d’un vote direct, qui renforce le
poids des résultats issus de cette expression démocratique. Le SNEPAP-FSU se félicite donc de conserver sa
représentativité ministérielle via la FSU. Toutefois, afin renforcer notre place, nous devrons nous attacher à
porter notre syndicalisme vers les personnels des Services Judiciaires auprès desquels notre action reste à ce jour
méconnue, avec 118 suffrages soit 0,88% des voix issues des services judiciaires. Nous appelons d’ores et déjà les
personnels des tribunaux à se fédérer autour de la bannière FSU, pour qu’ensemble nous imposions nos
revendications auprès de l’administration, afin que le syndicalisme de lutte et de transformation sociale porté
par la FSU dans tous les secteurs de la Fonction Publique s’implante également au sein des Services Judiciaires.
Ces élections ont aussi été l’occasion pour l’administration d’imposer, pour la majorité des scrutins, un vote sur
listes à des niveaux territoriaux plus bas que les traditionnels votes nationaux. Ce fût le cas du vote aux Comités
Techniques Interrégionaux, où la force militante du SNEPAP-FSU lui aura permis, contrairement à d’autres
organisations professionnelles, de présenter des listes dans toutes les régions pénitentiaires ainsi qu’à l’ENAP, en
Guyane, à La Réunion, ou en Polynésie française. C’est de ce vote que découle désormais la représentation au
Comité Technique central de l’Administration Pénitentiaire (CT-AP) qui était jusqu’ici issu des votes en CAP
nationales, ainsi que dans les comités techniques locaux (CTS, CTD) pour les établissements et les SPIP
notamment. Pour ce vote, le SNEPAP-FSU confirme, avec 993 voix, sa place de 4ème organisation syndicale au
sein de l’Administration Pénitentiaire. Malgré l’augmentation du nombre de personnels, le SNEPAP-FSU
conserve un poids sensiblement identique en représentant 3,93% des personnels de l’Administration
Pénitentiaire, contre 4% en 2007. Il faut noter également une progression en nombre de voix (837 en 2007) pour
notre organisation professionnelle.
Voir tableau dans doc PDF.
Pour le SNEPAP-FSU, ce résultat est tout à fait satisfaisant, et en tout cas bien loin des arguments de campagne
de certains qui prédisaient notre effondrement voire notre disparition. Rappelons par ailleurs que si notre
électorat se situe principalement dans les SPIP, soit 4000 personnels, ceux-ci ne pèsent que 11% dans l’AP et que
la constitution du CT-AP sera donc toujours basée sur le vote des personnels de surveillance. Il est à ce jour
incompréhensible que cette différence numérique ait amené le Ministère à supprimer le CTP-SE. Le SNEPAP-FSU
réaffirme son exigence de maintien de cette instance, seule condition pour que les SPIP soient entendus au
niveau national. Cette exigence est d’autant plus légitime si l’on considère les résultats spécifiques aux SPIP.
Ainsi, ces résultats en ont surpris plus d’un, notamment parmi ceux qui pensaient faire main basse sur les
personnels de ces services et pouvoir enfin écarter le SNEPAP-FSU.
Voir tableau
Ainsi en obtenant près de 30% des voix et plus de 35% des sièges dans les SPIP, le SNEPAP-FSU confirme
largement son implantation profonde dans les SPIP ! Seuls le SNEPAP-FSU et l’UGSP-CGT nettement confortent
leurs positions tant en nombre de voix que de sièges. La CFDT-Interco accuse une baisse de voix et poursuit sa
perte d’influence dans les SPIP. Elle demeure néanmoins la troisième OS dans les SPIP bien qu’elle ne soit pas
plus représentée au CT-AP que le SNEPAP-FSU. L’UFAP/UNSA et le SNP-FO restent marginaux dans les SPIP,
contrairement à leur présence massive au niveau des établissements pénitentiaires et donc de la DAP en
général. Au terme de ces élections, seuls le SNEPAP-FSU et l’UGSP-CGT franchissent la barre symbolique des
20% fixée par les Accords de Bercy. En supprimant le CTP-SE, la DAP confirme donc sa volonté d’ignorer le
point de vue de près de 30% des personnels des SPIP. Elle confirme également son souhait de les faire
représenter au sein du CTP-AP par deux organisations professionnelles quasi-inexistantes dans ces services et
donc en définitive de réduire l’expression des personnels des SPIP au seul discours monolithique de l’UGSPCGT.
Concernant les résultats pour les CAP, ils sont plus contrastés. Ainsi, la FSU perd sa représentativité dans la CAP
des Secrétaires Administratifs en passant de 11,69% des voix en 2009 à 7,37% en 2011. Si ce résultat est en
partie dû à son absence dans les établissements pénitentiaires et dans les services judiciaires, il ne peut que
remettre en question le fonctionnement de l’action de la FSU à l’égard des personnels administratifs. Le SNEPAPFSU,
afin d’investir plus profondément les questions liées aux personnels administratifs, et parce qu’ils sont la
cheville ouvrière des services du Ministère, est mandaté pour mettre en place un secteur national « personnels
administratifs » qui aura pour vocation de réfléchir aux questions « métier » de ces personnels.
La mise en place d’une Commission Consultative Paritaire compétente pour les personnels non-titulaires,
obtenue sur insistance du SNEPAP-FSU en application de dispositions existantes depuis 2007 dans toute la
Fonction Publique, a donné lieu à un vote spécifique de ces personnels. Le SNEPAP-FSU arrive en tête dans cette
CCP avec 109 voix contre 101 pour l’UFAP/UNSA qui récupère le second et dernier siège dans cette instance. C’est
une victoire importante pour le SNEPAP-FSU qui représente donc 31,7% de ces personnels non-titulaires, mais
aussi un grand défi pour notre organisation, qui d’ores et déjà s’organise pour faire valoir la parole des agents
contractuels.
Enfin, les résultats dans l’ensemble des CAP de la filière insertion et probation confirment la place du SNEPAPFSU
dans cette filière.
· En effet, en arrachant le second siège de la CAP des CSIP à l’UGSP-CGT, le SNEPAP-FSU occupe désormais
tous les sièges de cette instance et peut se prévaloir de représenter 55,3% des personnels contre 45,5% en
2007. L’UGSP-CGT fait quant à elle une chute vertigineuse en passant de 54,5% à 16,5%.
· La CAP des DPIP, désormais composée de quatre sièges contre trois sur le mandat précédent, est également
largement dominée par le SNEPAP-FSU qui remporte trois sièges contre un seul pour la CFDT-Interco, avec
65,2% des voix.
· Le SNEPAP-FSU conserve ses deux sièges à la CAP des CPIP, contre trois sièges pour l’UGSP-CGT. Toutefois, il
ne faut pas ignorer une baisse conséquente du pourcentage dans cette instance. Ainsi, de 511 voix en 2007
nous ne progressons que de quelques voix à 525 suffrages, soit une perte de 9% avec un total de 27,6%.
L’UGSP-CGT passe quant à elle de 651 à 1010 voix, et de 46,7% à 53,1%.
· Enfin, le SNEPAP et le SNPES-PJJ obtiennent sous la bannière FSU, un siège à la CAP des ASS (17,30%), repris
aux syndicats CGT qui l’avaient gagné en 2009 et qui passent donc de 3 à 2 sièges tandis que la CFDT-Interco
complète avec un dernier siège, la composition de cette instance.
De ces résultats, plusieurs conclusions s’esquissent. La première est que le paysage syndical de la filière Insertion –
Probation ne subit pas de profond changement : aucune nouvelle organisation professionnelle ne peut se
prévaloir d’être représentative dans ce champs. D’autre part, si l’UGSP-CGT confirme sa position majoritaire dans
les SPIP, elle recentre sa représentativité sur le corps des CPIP. Le SNEPAP-FSU ne peut que constater que ce
mouvement traduit un fossé grandissant entre les CPIP et leur hiérarchie. Cette évolution devrait d’ailleurs
interpeller l’administration sur sa façon de conduire ses projets à la hussarde ces derniers mois. Le SNEPAP-FSU a
ainsi dénoncé à de multiples reprises des groupes de travail exclusivement composés de membres de
l’encadrement largement muselés par leur statut d’emploi et régulièrement mis sous pression pendant que les
personnels de terrain étaient ignorés. Cette méthode fût celle de la DAP pour le développement du DAVC et de la
segmentation avec les errements auxquels elle a conduit. Cette méthode sera à nouveau celle de l’administration
pour la « concertation » sur les méthodologies de suivi avec des résultats que l’on peut aisément prédire.
La seconde leçon de ces scrutins : seul le
SNEPAP-FSU demeure représentatif dans
l’ensemble des CAP de la filière. Pour
autant, cette satisfaction ne peut
occulter la question des résultats en
demi-teinte à la CAP des CPIP.
Bien sûr, cette baisse chez les CPIP ne peut que nous décevoir au
regard de notre engagement dans une réforme statutaire d’ampleur
pour ce corps et compte-tenu du risque que représentait la signature
du protocole du 9 juillet 2009. La mise en oeuvre des engagements du
protocole, particulièrement lente et en-deçà des espérances
suscitées tant en matière indemnitaire et indiciaire qu’au plan de
l’évolution des SPIP vers des services pluridisciplinaires, doit sans nul
doute attirer notre attention. Néanmoins, il n’y a guère de doute que le mouvement massif de détachements et
d’intégrations d’ASS dans le corps des CPIP n’est pas pour rien dans la progression arithmétique de l’UGSP-CGT.
De même qu’il ne doit pas être étranger au gain d’un siège par la FSU au détriment de la CGT à la CAP des ASS.
Cependant, sans ignorer les explications données à l’écart qui s’est creusé pour les CPIP, force est de constater
que l’on est loin de l’« effondrement » du SNEPAP-FSU (que l’UGSP-CGT s’est pourtant empressé d’annoncer) ! En
effet, le SNEPAP-FSU conserve la représentativité de plus d’un CPIP sur quatre et la composition en sièges de la
CAP demeure à ce titre inchangée. Si au terme d’un mandat syndical aussi long et décisif pour le corps de CPIP et
les SPIP dans leur ensemble, le « droit d’inventaire » sur l’action menée par le SNEPAP-FSU est légitime, nous
espérons à présent autant de lucidité et de transparence de la part de l’OS devenue majoritaire depuis 2004.
Inscrivant systématiquement son action dans l’opposition par le passé, l’UGSP-CGT ne pourra plus se réfugier
derrière les acquis de l’action du SNEPAP-FSU (réforme des SPIP de 1999, protocole ARTT de 2001, circulaire
méthodologique de 2008, protocole de 2009 et réforme statutaire de 2010) qu’elle critique la veille pour mieux
s’en prévaloir dès que le vent tourne. Néanmoins, la position conservatrice défendue par cette organisation a
séduit pour ces élections une majorité des CPIP. Pour le SNEPAP-FSU, cela confirme l’existence d’un malaise
profond dans le métier qui, après 18 ans d’existence, ne parvient toujours pas à affirmer une identité positive, qui
se définirait dans sa spécificité par autre chose que ce qu’il n’est pas. Bien plus, victime de la frénésie législative
en matière pénale des dernières années, de nouvelles politiques sécuritaires, du démantèlement programmé des
services publics ainsi que de la recherche systématique de boucs émissaires par les politiques et les médias, la
profession de CPIP peut aujourd’hui se vivre comme une citadelle assiégée. Le SNEPAP-FSU a pris toute sa place
dans les combats contre l’obscurantisme pénal et la démagogie sécuritaire mais aussi lorsqu’il s’est agît de
défendre nos collègues injustement mis en cause, sans jamais renoncer à porter un discours novateur, des idées
progressistes. Plus que jamais, nous demeurons persuadés que l’immobilisme est fatal, particulièrement dans
les périodes tourmentées. Sans doute, n’avons-nous pas su présenter nos revendications de manière
suffisamment radicale. En refusant de simplifier le débat et de le réduire à des querelles partisanes, nos positions
ont pu paraître trop consensuelles, alors qu’elles étaient bien souvent plus audacieuses et respectueuses des
droits que celles des autres organisations professionnelles du monde pénitentiaire, dont l’UGSP-CGT.
En tirant les conséquences de l’ensemble de ces résultats, le SNEPAP-FSU continuera à oeuvrer aux côtés des
agents comme il l’a fait depuis toujours et comme il l’a particulièrement démontré par son action depuis 4
ans. Il investira avec détermination toutes les instances où il sera représenté, pour renforcer la qualité de nos
métiers au profit de nos missions, au service du public et dans le respect de personnels disposant de la
considération qu’ils méritent et des moyens à la hauteur. Il persistera à défendre la spécificité de la filière
insertion et probation et son entière place au sein de l’administration pénitentiaire et du ministère de la
Justice. Il saura dénoncer et s’opposer fermement aux aberrations, aux dispositions iniques présentées par
l’administration.
Pour une autre idée de la Justice ! Quel que soit le contexte, contre vents et marées…
Paris, le 3 janvier 2012.