Les jeux du cirque
Le sort en est jeté : les gladiateurs en toges peuvent s’en retourner, le petit peuple
doit être rassasié avec quelques petits fonctionnaires jetés en pâture ; un service entier,
méconnu, méprisé, rattaché à une administration pénitentiaire déjà mal aimée, est offert à
la vindicte populaire.
Haro sur des cadres dont la responsabilité est engagée pour ne pas avoir affecté un
stock de 600 dossiers à leurs agents déjà incapables de répondre à leurs missions avec
les 120 à 170 dossiers évoqués par le rapport d’inspection.
Personne ne se demande ce qui se serait passé si les 600 dossiers avaient été
affectés…
Haro sur des agents qui n’utilisent pas suffisamment le logiciel APPI.
Personne ne précise que les bureaux d’entretien en détention ne sont pas équipés
d’ordinateur, que les trames de rapport disponibles sur le logiciel ne sont faites que
pour le milieu ouvert et pas pour la détention, personne ne précise que des agents
attendent parfois des mois pour avoir ne serait ce que des codes d’accès et que ce
logiciel n’a pas été soumis à la CNIL…
Le chiffre de plus de 30 % de taux « absentéisme » a été livré au bon peuple sans
préciser que ce ratio ne serait pas le même si l’effectif du SPIP concerné était
complet (le rapport officiel mentionne qu’il manque 4 à 5 CIP pour l’effectif théorique,
effectif qui ne suffirait même pas à faire descendre l’effectif moyen en dessous de 100
dossiers par agent…).
Ce chiffre est livré sans expliquer qu’il comprend, comme dans n’importe quel service ou
entreprise, l’exercice des droits les plus fondamentaux (congés formation, congés
maternité et parentaux, garde d’enfant, détachements syndicaux), ou qu’il est la
conséquence d’évènements dont chacun se passerait (maladie, longue maladie).
Les questions de fond ne sont pas abordées !
La question de la prévention de la récidive, clamée comme priorité nationale, ne
peut pas se satisfaire d’un « renforcement » des effectifs par des vacataires privés, des
étudiants (service civique), des retraités pénitentiaires (réserve pénitentiaire) qui
n’attendent que leur retraite pour respirer après 40 ans de mépris, de coups bas et de
lessivage !
La chancellerie qui loue et rend nécessaire les « connaissances en criminologie »,
« l’expertise en matière d’accompagnement socio-éducatif et d’exécution de la peine », ne
peut pas adopter un double discours en confiant n’importe quoi, n’importe quand à
n’importe qui !
Le SNEPAP-FSU PACA/CORSE appelle l’ensemble des SPIP de la
région sud-est à poursuivre le mouvement et soutient les moyens
d’action suivant :
– Partout où les établissements pénitentiaires sont frappés par un manque de personnels de
surveillance et des défaillances sécuritaires (API, motorolas, CRI non traités…), limiter les
déplacements en détention en application stricte de l’article D 464 du code de procédure
pénale (accueil des arrivants ; urgences avérées).
– Gel des programmes de prévention de la récidive tant que l’effectif moyen d’une antenne est
supérieur à 80 dossiers ; confier des charges supplémentaires à des agents incapables de
répondre à celles qui existent déjà n’a pas de sens.
– Retraits des activités socio-culturelles (les CIP ne sont ni des secrétaires pour faire des listes,
ni des animateurs socio-culturels).
– Refus de prendre la parole au cours de toute commission institutionnelle et réunion
partenariale.
– Refus d’effectuer les enquêtes 723-15 sans mise à disposition d’un véhicule de service et d’un
dispositif de sécurité (portable/GPS/alarme), et sans règlement en temps raisonnable des frais
de déplacement.
– Application stricte du temps de travail hebdomadaire.
– Milieu ouvert : refus d »engager le suivi d’une PPSMJ sans mise à disposition d’un dossier
complet (jugement, casier judiciaire, expertise psychiatrique lorsque les textes le
commandent).
– Milieu fermé : refus d’initier les procédures SEFIP et PSAP sans mise à disposition du dossier
complet susmentionné.
– Pour tout agent ayant plus de 80 dossiers en charge, transmission mensuelle d’un écrit au
DSPIP attirant son attention sur le risque majeur de récidive engendré par l’incapacité d’un
suivi efficient.
– Transmission mensuelle à la presse, par les sections syndicales locales, d’un écrit pointant le
risque majeur de récidive entraîné par l’incapacité d’un suivi efficient.
– Organiser des journées « SPIP ouvert » : rencontre des personnels avec les citoyens, les élus
et les médias locaux (devant les services, et par des agents en congés).
– Mention type pour avis du SPIP dans les rapports PS / Aménagement de peine : en l’état
actuel de nos connaissances, et compte tenu du fait que ce suivi, comme tout suivi, mériterait
davantage de temps, nous ne sommes pas en mesure d’émettre d’avis fiable.
Le SNEPAP-FSU PACA prendra ses responsabilités à chaque fois qu’un agent de la région
sud-est, syndiqué ou non, sera mis en cause sur le plan disciplinaire pour avoir mis en oeuvre
l’une des actions susmentionnées.
Aix en Provence, le 15 février 2011