MANIFESTE JUSTICE : nous accusons…
Nous, Conseillers d’Insertion et de Probation,
Assistants de service social, Directeurs ou Chefs des
Services pénitentiaires d’Insertion et de Probation,
Magistrats, Educateurs et Fonctionnaires du
Ministère de la Justice, Avocats, tenons à faire part
de notre stupéfaction face à la mise en cause par le
Président de la République et par notre ministre de
tutelle, des fonctionnaires de Loire-Atlantique dans
l’affaire de Pornic.
Nous accusons ces autorités publiques de
tenter de faire porter la responsabilité de ce
drame à des professionnels qui dénoncent
depuis plusieurs mois un manque de moyens
structurel, tout comme le font l’ensemble
des services du Ministère de la Justice, pour
assurer le suivi des personnes condamnées.
Nous accusons le pouvoir exécutif de faire
preuve d’une invraisemblable démagogie en
faisant croire que la carence dans la prise en
charge d’une mise à l’épreuve prononcée pour
un outrage à magistrat puisse avoir un lien
déterminant avec la commission d’un crime
aussi grave.
Nous accusons le chef de l’Etat de multiplier
les formules mensongères tendant à faire
croire que la récidive criminelle pourrait être
purement et simplement éradiquée, alors
que chacun sait qu’elle est un phénomène
complexe dont la prévention, qui ne sera
jamais la garantie absolue d’un « risque zéro »,
nécessite du temps et de la sérénité.
Nous accusons le gouvernement d’avoir
gravement négligé la politique de prévention
en la matière, en n’accordant pas aux services
judiciaires et pénitentiaires les moyens, les
outils et les budgets suffisants pour qu’ils
exercent leurs missions dans des conditions
satisfaisantes.
Nous accusons le ministère de la Justice
d’avoir choisi d’amputer les budgets
alloués au recrutement de personnels et
au développement des partenariats qui
permettaient pourtant la prise en compte
individualisée des personnes placées sous
main de justice.
Nous affirmons notre solidarité sans faille
à l’égard de nos collègues du SPIP de Loire-
Atlantique et du Tribunal de Grande Instance
de Nantes qui ont travaillé avec les moyens
dont ils disposaient, et qui avaient averti leur
administration des difficultés auxquelles ils
étaient confrontés.
Nous exigeons du ministre de la Justice
qu’il rende publics les rapports dont il était
destinataire au sujet de la situation nantaise,
et qu’il n’engage pas de poursuites contre des
professionnels qui ont dû subir une pénurie
de moyens générée par un gouvernement qui,
aujourd’hui, leur demande des comptes afin
de faire oublier son éminente responsabilité.
Au-delà de cette affaire sans précédent, nous demandons à notre
administration de nous permettre enfin de travailler dignement.
Pour signer la pétition :