Nous ne sommes pas les enfants (gâtés) de la mère pénitentiaire !

Non, il ne faut pas voir dans le mouvement issu du projet de réforme statutaire proposé par la DAP le

caprice de jeunes gens immatures voulant à tout prix s’émanciper vis-à-vis de la mère nourricière.

Non, nous avons grande conscience du fait que nous sommes des enfants légitimes et c’est même en

partie cette reconnaissance que nous réclamons maintenant.

Cependant, il faut se rendre aujourd’hui à l’évidence que nous existons par nous même au sein de notre

famille, que nous pouvons, en quelques sorte, voler de nos propres ailes : nous avons atteints, en neuf

ans d’existence, la majorité pénitentiaire !

Nous devons dorénavant avoir les moyens de nos ambitions et pas simplement de l’argent de poche,

gentiment distribué parce que nous aurions bien travaillé à l’école : aujourd’hui, nous évaluons, nous

conseillons, nous concevons, nous encadrons, … L’école est finie !

Alors oui, 33 € par mois, c’est le mépris même de notre existence.

Nous souhaitons un statut nous permettant de nous assumer tels que nous sommes :

Sans doute pas des « travailleurs sociaux » à qui nous empruntons pourtant un nombre important de

savoirs en matière de techniques d’entretien avec les personnes ou de connaissance de l’environnement

socio-économique (par exemple) ; ceux-ci ne suffisent évidemment pas.

Les connaissances et grilles de lecture nécessaires à l’exercice de notre mission sont tout à fait

particulières en bien d’autres domaines : le droit et, plus particulièrement, la procédure pénale, la

criminologie, la psychopathologie, …

Nous devons, en outre, gérer cette relation d’autorité, conférée par le mandat pénal, qui porte, justifie et

délimite notre action, qui est étrangère, voire antinomique à la notion même de travail social, et fait de

nous les acteurs uniques en matière de prévention de la récidive des crimes et délits.

Nous ne sommes pas des "faisant fonction", mais exerçons de fait un vrai métier :

Conseiller d’Insertion et de Probation

C’est pour cela et à cause de cela que nous revendiquons un statut particulier qui ne peut se confondre

avec aucun autre.

Alors notre rébellion est juste et les vilaines punitions de la mère pénitentiaire n’y changeront rien : il ne

s’agit pas de quitter notre possessive famille mais d’y occuper la place que nous méritons.

Mère pénitentiaire !

Réveille-toi si tu ne veux pas devenir l’amère pénitentiaire !

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