Suites de l’évasion de Sequedin

Le samedi 13 avril a été marqué par une évasion aussi spectaculaire que violente de la MA de Lille – Sequedin. Face à la détermination à s’évader et aux moyens déployés, chacun peut mesurer sans mal que les conséquences auraient pu être beaucoup plus dramatiques. Le SNEPAP-FSU ne peut que partager le soulagement largement exprimé par les différents acteurs pénitentiaires.

Le samedi 13 avril a été marqué par une évasion aussi spectaculaire que violente de la MA de Lille – Sequedin. Face à la détermination à s’évader et aux moyens déployés, chacun peut mesurer sans mal que les conséquences auraient pu être beaucoup plus dramatiques. Le SNEPAP-FSU ne peut que partager le soulagement largement exprimé par les différents acteurs pénitentiaires.

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En revanche, il ne peut que s’étonner de la surenchère de réactions qui s’en est suivie ; et tout particulièrement la multiplication des propos dénonçant l’article 57 de la loi pénitentiaire qui a mis fin à la pratique des fouilles intégrales systématiques et qui serait, selon ses détracteurs, à l’origine des événements du week-end.

Pour le SNEPAP-FSU, l’heure n’est pas aux explications simplistes qui, avant même toute conclusion de l’enquête judiciaire, tiennent pour acquise l’introduction d’une arme et d’explosifs à l’occasion d’un parloir ou par le biais de projections depuis l’extérieur, et selon lesquelles un simple rétablissement des fouilles systématiques des personnes détenues permettrait d’éliminer tout risque. Alors même qu’aucune responsabilité ne peut être établie à ce jour à part celle du principal auteur de cette évasion, le SNEPAP-FSU appelle à la prudence : l’histoire des évasions violentes, parfois à l’aide d’explosifs, notamment celle d’Antonio FERRARA de la MA de Fresnes en 2003, nous enseigne que la question ne peut se traiter sous le seul prisme des fouilles systématiques. De même, ces dernières, qui étaient la règle à l’époque, et le caractère sécuritaire de la MC de Moulins n’ont pas empêché une évasion de celle-ci à l’aide d’un mode opératoire quasiment similaire à celle de Sequedin et dont les auteurs

viennent d’être jugés. De plus, le SNEPAP-FSU dénonce les raccourcis entretenus par certains qui confondent la suppression du caractère systématique des fouilles intégrales avec leur suppression pure et simple alors même que celle-ci n’a jamais été envisagée : elles restent en effet possibles lorsque les personnels les jugent nécessaires.

Plus que jamais, et parce que la sécurité de tous ne devrait pas être sujette à polémique, il importe de ne pas céder à la tentation des raccourcis et des jugements à l’emporte-pièce. Ainsi, c’est avec responsabilité que le SNEPAP-FSU a accompagné l’évolution indispensable de la législation en la matière. Conscient que la loi

encadrant le recours aux fouilles évoluait essentiellement sous la pression d’une jurisprudence européenne qui conduisait régulièrement la France à des condamnations, il n’a jamais tenu ce changement comme réversible.

Ainsi, à défaut de partager le souci humaniste du SNEPAP-FSU d’améliorer les conditions de détention et le respect de la dignité des personnes détenues, d’autres acteurs pénitentiaires auraient au moins pu partager ce constat et chercher collectivement les moyens concrets d’assurer un haut niveau de sécurité sans pour autant sacrifier les droits essentiels des personnes détenues. Pourtant, lors des discussions sur les textes d’application de la loi pénitentiaire, le SNEPAP-FSU était bien seul à défendre le principe de l’introduction de scanners corporels à ondes millimétriques en lieu et place des fouilles systématiques.

Mais il est désormais temps d’avancer à partir des constats communs. Le principal : le système carcéral a la tête sous l’eau ! La surpopulation n’a connu aucune inflexion à la baisse, le nombre de matelas par terre non plus.

C’est dans ce contexte que la démultiplication des contrôles et des fouilles, a fortiori lorsqu’elles sont systématiques, dilue l’efficacité de la surveillance. En maison d’arrêt notamment, les personnels de surveillance passent des journées entières à gérer les mouvements de personnes détenues pour de courtes peines, que la société pourrait pourtant sanctionner et contrôler autrement. D’autant que ces personnes, parce qu’elles sont souvent les plus fragiles, peuvent subir en détention des pressions pour servir de « mules ».

Réduire le recours aux courtes peines pourrait à l’inverse permettre aux personnels oeuvrant en détention de privilégier la surveillance, le renseignement, l’écoute et l’observation fines des personnes qui peuvent présenter de réels risques sécuritaires mais aussi de véritablement participer à la réinsertion des longues peines.

Les évènements récents dans le nord de la France doivent conforter les responsables politiques comme les acteurs de terrains dans la nécessité de réduire drastiquement le recours à l’incarcération pour les

nombreuses personnes dont la place n’est pas en détention. Celles dont la prévention de la récidive sera favorisée par une sanction dans le cadre d’une probation rénovée, dotée de moyens suffisants et de méthodes éprouvées.


Il en va certes de l’efficacité de l’exécution des peines mais aussi de considérations budgétaires, chaque place de prison coûtant plus cher à l’Etat que le suivi des peines de probation. Et ce sont ces mêmes considérations budgétaires qui ont empêché le déploiement de portiques métalliques et de scanners corporels, laissant les personnels livrés à eux-mêmes, sans solution face à la suppression des fouilles systématiques. Il en va donc aussi des conditions de travail et de sécurité des personnels.

LE TEMPS D’UNE RÉFORME PÉNALE ET PÉNITENTIAIRE D’AMPLEUR EST ARRIVÉ !

LE TEMPS EST VENU DE SAUTER LE PAS DE LA PROBATION !

Le SNEPAP-FSU appelle les organisations pour lesquelles le droit à la sécurité des personnels et les exigences de respect des droits des personnes placées sous main de justice sont des valeurs

compatibles, à se faire entendre et à refuser la surenchère verbale des dernières semaines, qui ramène l’administration pénitentiaire dans les couloirs du temps !

PARCE QUE LA SÉCURITÉ ET LA DIGNITÉ DE TOUS NE DOIVENT PAS ÊTRE ABAISSÉES AU RANG DES RENTES SYNDICALES

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