Les lettres de cachet étaient déjà signées…

Le Président de la République, en déclarant à la famille de Laetitia le 17 février 2011 qu’il serait

« attentif aux conclusions du Conseil Supérieur de la Magistrature sur le fonctionnement de la Justice »

aura donc confirmé qu’il n’avait pour seul objectif que trouver des responsables dans cette affaire et que la

décision du Ministre de la Justice décidant de mettre fin aux fonctions du directeur interrégional des

services pénitentiaires de Rennes semble le satisfaire…

Pourtant ce n’est pas des responsabilités

individuelles que cette affaire met en lumière mais bien le niveau d’indigence des services du Ministère de

la Justice !

En effet, avant même que les rapports d’inspections concluent à une absence de responsabilité

individuelle dans le suivi du principal suspect et déterminent que « la responsabilité de ces

dysfonctionnements est collective »
, le Président de la République avait déjà promis à plusieurs reprises

de donner en pâture à l’opinion publique un « fautif » ! Aidé du Ministre de la Justice, gêné aux

entournures face à l’absence de carences personnelles dans le dossier, il n’a pu que s’attaquer au plus

isolé… le DISP de Rennes, qui faisait donc à ses yeux un « coupable idéal » !

Parce que les lettres de cachets étaient déjà écrites avant la remise des rapports des inspections,

Et qu’il fallait juste y apposer un nom…

Le SNEPAP-FSU dénonce cette chasse aux sorcières menée de main de fer

par le Président de la République qui avait promis un coupable

parmi les fonctionnaires du Ministère de la Justice !



La décision prise par le Ministre de « déplacer » le DISP n’est certes pas une sanction disciplinaire au

sens stricte du terme, et met hors de cause tous les personnels affectés dans les SPIP, mais elle constitue

néanmoins un acte politique fort qui tente de faire croire que l’Administration Pénitentiaire devrait être

responsable des actes des personnes dont elle à la charge, personnes par définition pourtant reconnues

responsables de leurs propres actes. Sinon que feraient-ils sous main de Justice… ?

Pour le SNEPAP-FSU, ce message envoyé par le chef de l’Etat à nos concitoyens est absolument

inadmissible et surtout complètement irresponsable ! Il s’agit d’une manipulation populiste qui met les

personnels pénitentiaires, notamment ceux des SPIP, dans une situation d’insécurité professionnelle

inacceptable !

Par ailleurs, en sous-entendant publiquement jeudi 10 février 2011 que les services pénitentiaires

d’insertion et de probation sont suffisamment dotés en personnels, notre Président fait preuve d’une cécité

incroyable ! Il oublie de préciser que si les effectifs des SPIP ont certes augmenté ces dernières années,

c’est que les retards en la matière étaient majeurs et que, malgré ces recrutements, le ratio de dossiers par

CIP n’a quant à lui pas diminué ! De fait avec une augmentation de 34% de personnes suivies en milieu

ouvert, on était loin du compte en terme de créations d’emplois… Ne revenons pas sur les annonces de

recrutement de contractuels ou de réservistes pénitentiaires qui sont totalement indigentes… De plus

l’Administration Pénitentiaire confirme, par arrêté du 8 février 2011, que le nombre de postes ouverts au

concours de CPIP pour l’année 2011 est de… 48 places. Cette annonce, en pleine mobilisation, est un

véritable affront de l’administration à l’égard des SPIP !

Car ce n’est pas de boucs émissaires dont les services ont besoin mais d’une politique

de prévention de la récidive dotée des moyens et des outils nécessaires à

l’individualisation de toutes les peines ! Car déjà la pression se fait sentir sur tous les

SPIP de France : ici, l’affectation nominative immédiate de tous les dossiers mettent à

bas les organisations de service péniblement élaborées, là, les cadres sont enjoints

sans la moindre annonce de renforts, d’assurer des revues de dossiers semestrielles

pour tous les CPIP !

Le Président de la République n’aura en effet rien annoncé en terme de recrutements fermes de personnels

titulaires qui sont à ce jour en nombre insuffisant pour prendre en charge et orienter l’ensemble des

personnes placées sous main de Justice… Car avant même d’adapter un suivi au profil d’une personne,

encore faut-il pourvoir rencontrer cette personne et lui accorder le temps nécessaire pour mettre en place

avec elle un parcours d’exécution de la peine qui soit à même de réduire les risques de récidive ! Et cette

orientation, seuls les personnels des SPIP sont compétents pour le faire !

Le gouvernement doit ouvrir les yeux sur la situation des SPIP

et plus largement du service public de la Justice !

Le SNEPAP-FSU ne peut accepter cette attitude irresponsable et lâche du Président

de la République et appelle les personnels

à poursuivre leurs actions en intersyndicale !

Paris, le 18 février 2011

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