Lancement de la campagne accès à internet en prison

Rien ne sert de médire, il faut penser à point…
Pourquoi le SNEPAP-FSU s’associe à cette initiative ?

Dans la continuité de plusieurs recommandations internationales, institutionnelles et de la société civile, des organisations du réseau prison-justice ont adressé une lettre ouverte à la Première ministre pour lancer une campagne d’accès à internet en prison.

Les objectifs visés :
– que l’accès à Internet en prison soit intégré dans l’agenda politique
– que l’étude de cette question soit priorisée par l’administration pénitentiaire.

Parce que la prison doit seulement être la privation de la liberté d’aller et venir, le SNEPAP-FSU, syndicat progressiste, se devait d’intégrer le collectif porteur de cette campagne.

Cette signature a pu amener les cris d’orfraie de quelques organisations syndicales opposées à ce qui est pourtant le sens de l’histoire. Refuser de penser le progrès en détention n’a pourtant jamais rendu service à quiconque…

⇒ Actuellement, des personnes détenues accèdent déjà à internet de manière illicite, via le trafic des téléphones portables. Pour le SNEPAP-FSU, un accès à internet, avec des moyens de surveillance adaptés (accès limité à des sites pré-approuvés, contrôle de l’usage qui en est fait), endigueraient les dérives actuelles.

 

Pour le SNEPAP-FSU, un accès contrôlé à internet signifie :

Un gain de temps pour les agents et la réduction des tensions en détention.
Depuis 2021, le déploiement expérimental du Numérique En Détention (NED) permet aux personnes détenues de réaliser des démarches liées à leur vie en détention (cantine, parloir, consultation de leur pécule, téléphonie, requête effectuée, rdv prévus en détention). Si le NED reste encore imparfait, il a pu démontrer qu’il libérait les agents d’un certain nombre de tâches répétitives. Aujourd’hui, il faut aller plus loin car les personnels de l’administration pénitentiaire réalisent de nombreuses démarches administratives à la place des usagers, du fait de l’absence d’internet en détention. Autant de tâches chronophages opérées au détriment de leurs autres missions.

La difficulté pour les personnes détenues d’effectuer leurs démarches en autonomie entraîne des tensions. C’est particulièrement le cas lors de l’arrivée en détention, période durant laquelle la personne détenue est confrontée à de nombreuses démarches à effectuer sans pouvoir les réaliser (auprès de sa banque pour obtenir des virements en détention ou arrêter des prélèvements automatiques, déclarer sa situation auprès de la caf, du pôle emploi…). Il en est de même lors de la préparation du retour à la vie libre où la personne détenue peut se sentir particulièrement impuissante face à l’impossibilité de réaliser les démarches essentielles pour sa sortie.

→ Un impératif en matière d’accès aux droits, parce que les personnes détenues demeurent des citoyens.
Internet est omniprésent dans nos vies. La dématérialisation, croissante, devient la règle. Nombreuses sont les démarches administratives exclusivement accessibles par internet (ex: service permis de conduire de la Préfecture, déclaration d’impôts…). Permettre un accès sécurisé à internet en détention, c’est donner aux personnes détenues l’accès à leurs droits sociaux. L’accès à internet faciliterait le maintien des liens familiaux, un des leviers de l’insertion. Plusieurs pays permettent ainsi l’utilisation d’une adresse électronique pour joindre ses proches (ex : Etats-Unis, Royaume-Uni). Sans permettre un accès récréatif (ex : réseaux sociaux, jeux en ligne, etc) c’est également un outil qui favoriserait l’accès à la culture et à l’information, dans le contexte trop limité et contingenté des détentions.

→ Un moyen de responsabiliser et autonomiser les personnes détenues.
Avec un accès circonscrit à internet, la fracture numérique peut être éludée. Des actions d’apprentissage aux outils numériques peuvent être organisées afin que les personnes détenues les apprivoisent et réalisent, elles-mêmes, les démarches utiles à leur réinsertion (recherche d’emploi ou de formation, de logement, déclaration d’impôts, dossier CAF, etc.). L’accès à la formation à distance serait amélioré, rendant le temps de la détention plus utile.


Le SNEPAP-FSU a conscience que le déploiement d’internet pour les personnes détenues devra s’accompagner d’adaptations aux contextes, pour garantir les intérêts et la protection de tous.
“Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu” (Victor Hugo). C’est le cas pour le numérique et de l’internet pour tous!


Paris, le 5 octobre 2022

>>> Accès au lien PDF ici 

 

 

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