Psychologues de l’administration pénitentiaire : de l’égalité de traitement à la gestion au lance-pierre

Le SNEPAP-FSU a déjà eu l’occasion de communiquer sur la gestion des agents non titulaires par l’administration pénitentiaire ; il se saisissait récemment des conditions scandaleuses de non-renouvellement de contrats de psychologues. Avec la mise en oeuvre du plan de lutte contre la radicalisation violente, et le recrutement de

psychologues dédiés au public « radicalisé » ou en « voie de radicalisation », l’actualité nous conduit à revenir sur le traitement pour le moins différencié des personnels contractuels, et plus précisément des psychologues.

Le recrutement de 50 psychologues, effectué au sein des DISP dans le cadre du plan de lutte contre la radicalisation (ou « Plan de lutte contre le terrorisme » dit « PLAT », la sémantique évolue), nous apprend les choses suivantes :

"-" Pour certaines DISP, ces psychologues auront la qualification de « cadre », alors que pour d’autres, ils auront celle de « technicien » ou d’ « employé qualifié ». Pour les mêmes missions, la distinction est surprenante.

"-" S’agissant de la rémunération, pour les mêmes missions et le même cadre d’intervention, elle présente un écart de 25% entre les DISP, et sans corrélation avec l’expérience demandée (sans pour autant qu’elle ne soit exigée) qui ne dépasse que très rarement un an. Il est donc possible d’être sans expérience et mieux rémunéré

sur une DISP que dans une autre, pour un psychologue ayant pourtant une expérience plus importante.

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Si les inégalités se construisent donc allègrement entre psychologues « PLAT », voyons un peu ce qu’elles peuvent donner en comparaison des autres psychologues, recrutés sur d’autres missions (PEP, SPIP, etc…). Ainsi, sur certaines DISP, l’écart de rémunération d’un psychologue au stade du recrutement est de 50%, selon que l’on soit un psychologue PLAT, avec une expérience demandée de 1 an, ou un psychologue PEP, avec une expérience demandée de 3 ans. Ecart au bénéfice du premier….pourtant le moins expérimenté !

Alors même que les écarts de rémunération étaient déjà présents entre psychologues des personnels, psychologues CNE et psychologues SPIP, sans que rien ne puisse permettre d’en comprendre les motifs (certaines DISP rémunérant mieux tels psychologues, quand d’autres ont fait un choix différent), le recrutement des psychologues PLAT est l’occasion pour l’administration de sortir la pelle-mécanique, bâtisseuse de tranchées entre les personnels….

Enfin, un bref passage sur la DISP Dijon, laquelle s’est fait une spécialité dans la congélation ad vitam aeternam des contrats signés, sans possibilité de revalorisation salariale, finit de clore la marche du funambule pénitentiaire : là-bas,

on y appâte les candidats avec un salaire net….qui se transforme en salaire brut une fois le contrat signé…

Ce petit jeu des comparaisons pourrait largement dépasser le seul cadre des psychologues contractuels. Car ce sont tous les agents non titulaires qui sont concernés par des politiques de gestion des ressources humaines sans queue

ni tête. Le SNEPAP-FSU n’a de cesse de dénoncer ces situations, et continuera de le faire. Concernant les psychologues, l’absence de corps, et donc de point de référence dans la rémunération, accentue l’inégalité de traitement. C’est notamment ce qui nous conduit, depuis près de deux ans, à demander à ce qu’un calendrier de

discussions sur le futur statut du corps de psychologues du Ministère de la Justice soit clairement établi, et respecté. A ce titre, rendez-vous est pris le 2 juillet 2015 pour une reprise des travaux entre le Secrétariat général du Ministère de la Justice et les organisations professionnelles, soit 14 mois après qu’ils aient été engagés et

aussitôt gelés.

Paris, le 19 juin 2015

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