région Marseille : « Et j’entends siffler le train… »

Une semaine après que les personnels de Justice se soient entendus annoncer le terminus

par la Chancellerie, qui leur montrait ses poches vides, le Gouvernement vient une nouvelle fois de

démontrer son sens des priorités.

Alors que les acteurs du monde judiciaire et pénitentiaire hurlent qu’ils ne sont plus en

mesure de rendre et de faire exécuter la justice, et qu’ils se voient opposer l’absence de marge de

manoeuvre budgétaire, nous apprenons que l’Etat engage un vaste plan « d’urgence » de

sécurisation des voies de chemin de fer à hauteur de 40 millions d’euros, avec force déploiement

d’hélicoptères pour faire surveiller lesdites voies !

Comme de coutume ces dernières années, l’être humain pèse bien peu dans la logique

économique….et si vous pouvez craindre pour votre sécurité, ou attendre des mois ou des années

qu’un jugement soit exécuté, rassurez vous, votre train aura moins de retard.

Alors que partout il est dit que l’accumulation des lois pénales rend ces dernières

inapplicables du fait d’un enchevêtrement de principes contradictoires, d’une lourdeur excessive, et

de l’absence de moyens pour les mettre en oeuvre ; alors que partout des tribunaux et des SPIP

disent qu’il n’ont plus de papier, plus de stylos, que des factures ne sont pas réglées (factures de

base ; frais de déplacement ; expertises ; indemnités de jurés populaires de Cour d’assise versés

avec retard), on apprend qu’une énième loi pénale de circonstance sera mise sur les rails en avril :

avec, notamment, l’arrivée des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels et d’application

des peines…

ILS DERAILLENT !!!

Et pendant ce temps, dans le mauvais wagon, sans aiguillage, les personnels d’insertion et

de probation aixois étouffent avec 170 mesures en moyenne, près de 300 dans quelques

semaines…les Conseillers d’insertion et de probation du Centre de détention de Salon suivront

prochainement 150 détenus chacun…ceux de la Maison d’Arrêt, une « petite » centaine, mais sans

les voir puisque dans un établissement qui ne tient plus qu’à un fil, où le personnel de surveillance

se fait de plus en plus rare, on vient, face à des rumeurs croissantes d’agression à leur encontre,

de « les supplier » de se déplacer et de faire des entretiens en binôme…

En conséquence, les personnels du SPIP d’Aix/Salon, réunis en assemblée

générale, décident de la poursuite et du durcissement du mouvement pour le mois

de mars, selon les modalités suivantes :

–Limitation des déplacements en détention avec application stricte de l’article D 464 du CPP. Toute

tentative de déplacement au cours de laquelle sera constatée une défaillance de sécurité

entraînera sa suspension et un écrit à toutes les autorités concernées.

Dans l’hypothèse d’une atteinte à l’intégrité d’un personnel d’insertion et de probation, l’agent

engagera par tous moyens la responsabilité pénale de l’encadrement, à commencer par celle du

chef d’établissement.

–Gel des programmes de prévention de la récidive (PPR).

–Boycott des CPU et de toute réunion partenariale.

–Boycott des Commissions d’Application des Peines, remise des rapport au CSIP

–Rejet de tout dossier (milieu ouvert ; SEFIP/PSAP) incomplet (casier judiciaire B1 ; jugement ;

expertise psychiatrique lorsque prévue par les textes).

–Mention type suivant l’avis dans tout rapport adressé aux juridictions : « Compte des moyens

résiduels qui sont mis à notre disposition, et du fait qu’il n’existe pas de risque zéro de récidive, cet

avis ne reflète que les éléments portés à notre connaissance ».

–L’organisation de « Jeudi noirs » du SPIP

–L’organisation d’une journée « SPIP ouvert » (rencontre de personnels avec des élus locaux, des

associations et des partenaires publics et privés, des citoyens en vertu de l’article 15 de la

Déclaration des droits de l’Homme qui permet à tout citoyen de demander des comptes à son

administration).

–Participation aux journées de mobilisation des 28 (présentation locale des cahier de doléance ) et

29 mars (manifestation nationale à Paris) aux côtés de tous les acteurs de la chaîne pénale.

Les personnels sont plus déterminés que jamais, et se tiennent désormais prêts à

envisager des modalités d’action d’un niveau encore supérieur pour les semaines à venir.

L‘Antenne du SPIP d’Aix/Salon exige, au plan national : l’ouverture d’un plan pluri-annuel

de recrutement massif de personnels ; la révision de la méthode statistique d’évaluation de prise en

charge des personnes sous main de justice, laquelle ne peut raisonnablement plus ignorer les

spécificités d’organisation et de prise en charge en se contentant d’un technocratique ratio

CIP/PPSMJ, ni écarter les ressources humaines réelles ; un moratoire sur les procédures

PSAP/SEFIP.

A l’échelon local : le gel de l’ouverture du Centre pour peine aménagé et la réaffectation

des 2 CIP concernés sur le milieu ouvert ; des réponses claires et écrites aux questions posées à

la hiérarchie ; un audit immédiat de la Maison d’arrêt par l’inspection des services accompagné de

décisions fortes et prises sans délais sur l’organisation de l’établissement.

Aix en Provence, le 7 mars 2011

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