SNEPAP FSU / Syndicat de la Magistrature : sanctions dans l’AP

« Les mauvaises nouvelles sont fatales à celui qui les apporte. »

Shakespeare

Depuis des années, les experts autoproclamés de l’Education Nationale nous annoncent que « le

niveau baisse ». Au sein de la FSU, le SNEPAP dénonce ces constats alarmistes qui ne visent en

règle générale qu’à délégitimer un peu plus le service public… Pour autant, l’actualité récente nous

en donne le triste exemple au plus haut niveau de l’Etat. A l’évidence, notre ministre ignore ses

classiques, d’Eschyle à Shakespeare… Pour autant, les mythes antiques nous apprennent que tuer le

porteur de mauvaises nouvelles, n’a jamais permis d’échapper à leur réalité. La Garde des Sceaux

renoue pourtant avec ces anciens usages…

Pour sa part, le Syndicat de la Magistrature a toujours considéré que les magistrats ne sauraient

se désintéresser des questions pénitentiaires.

De quoi parlons-nous ? Depuis quelques semaines, c’est un secret de polichinelle : le Titre II

du budget de l’administration pénitentiaire accuse un déficit de 82 millions d’euros
. Nombreux

sont les responsables du Ministère et de l’AP qui ne s’en cachaient plus. Les allusions glissées lors

de rencontres avec les organisations syndicales devenaient ainsi de plus en plus explicites. Nul

n’était dupe des annonces de rigueur qui se préparaient « en secret »…

Alors, pourquoi le Ministère a-t-il soudainement cru bon faire deux exemples en coupant les têtes

de deux messagers, qui (hasard… ?) sont des messagères ? Car la surprise fût de taille en

apprenant le limogeage de Mme GORCE, DISP de Bordeaux et le déplacement d’office de Mme

DECROIX, directrice de l’ENAP. Que leur reproche le Ministère ? D’avoir fait preuve de

transparence envers leurs équipes ! Alors que les mesures de rigueur budgétaire s’annoncent

catastrophiques pour qui a la mémoire de la fin d’exercice 2009, Mme GORCE a souhaité alerter les

chefs d’établissement de la DISP, des différentes hypothèses étudiées par le Ministère pour faire

face à ce déficit ; Mme DECROIX les a pour sa part relayées auprès des cadres de l’ENAP. Mais

sans doute, notre Ministère de tutelle avait-il l’illusion qu’il pourrait tenir les organisations

syndicales dans l’ignorance. Pensait-il rendre ainsi ses décisions insensibles pour les personnels ?!

Une nouvelle fois, nul n’est dupe. A l’heure des coupes sombres dans le budget de l’Etat, il

fallait mettre au pas l’ensemble des cadres de l’administration au moyen de ces véritables

mesures d’intimidation.

Au-delà de la méthode, le SNEPAP-FSU et le SM ne peuvent que s’interroger sur le choix

des cibles de cette manoeuvre politicienne…
Craignons que cette « leçon donnée aux cadres » soit

révélatrice d’un état d’esprit qu’on pensait sinon révolu, du moins en voie d’extinction ! Il se

murmure ainsi qu’il y aurait « trop de femmes à la pénitentiaire ». Alors côtoyer des femmes de

caractère, pensez-vous ! Il ne manquerait plus qu’elles soient reconnues pour leurs compétences

mais aussi connues pour une certaine indépendance d’esprit et une vision progressiste de cette

administration ! Une volonté réformatrice qui peut-être heurtait les conservatismes à l’oeuvre

au sein du Ministère ces derniers temps ! S’agirait-il de donner des gages à ceux qui vivent

déjà les quelques progrès de la loi pénitentiaire comme une injure ?
Si tel est le cas, nos

organisations dénonceront sans relâche les tentations obscurantistes de quelques-uns.

Car l’heure n’est pas aux combats d’arrière-garde, la situation budgétaire de l’administration

impose une véritable convergence des forces syndicales.
En effet, les organisations

professionnelles ne sont pas nées de la dernière pluie. Elles ont notamment relevé qu’en cas de

déficit, le « principe de fongibilité asymétrique », posé par la LOLF, peut jouer à plein : il permet

de combler les déficits budgétaires de fonctionnement en « piochant » dans une ligne précise, celle

des ressources humaines. Au-delà des prévisions budgétaires insuffisantes, d’où provient donc le

déficit de 82 millions d’euros du titre II ? Le ministère doit aux personnels une totale

transparence sur ces questions car les conséquences sont déjà prévisibles : primes ou heures

supplémentaires impayées comme ce fut le cas en fin d’année dernière, des reports d’entrée en

formation (deux promotions de personnels de surveillance sont déjà renvoyées à 2011 et les oraux

de DIP reportés à … fin 2010 !), des retards d’avancement (il a bon dos le logiciel Harmonie !), le

non-renouvellement de nombreux contrats (sans doute plus de 100) qui met à mal l’ensemble des

services et établissements. Quoi encore ? Le SNEPAP-FSU et le SM ne doutent pas de

l’imagination du Ministère pour avoir de « nouvelles idées » en matière de gestion RH !

Pourtant, pour le SNEPAP-FSU et le Syndicat de la Magistrature, le Ministère de la Justice

serait bien inspiré de prendre exemple sur les deux cadres qu’il a souhaité sanctionner, en

jouant de transparence avec ses personnels !

Conformément au « principe de sincérité budgétaire », nous exigeons sans délai la

communication d’informations précises sur les raisons et les conséquences d’un tel déficit !



Paris le 1er juin 2010

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