SPIP 44 : Lettre ouverte à Madame la Garde des Sceaux

la section locale de Nantes à madame la Garde des Sceaux

Madame,

Ce sont des personnels d’un SPIP particulièrement désabusés qui s’adressent à vous aujourd’hui :

Alors que l’annonce de la future loi pénale devrait nous donner espoir d’une meilleure prise en compte de la nécessité d’un travail de fond sur la prévention de la récidive, nous nous retrouvons au 1er septembre avec un effectif encore en baisse (5,6 personnes en situation effective de travail de moins entre janvier et septembre, soit plus de 10%), tandis que notre charge de travail va grandissant : le nombre de personnes prises en charge continue d’augmenter, les exigences élevées des magistrats sont constantes, le nombre de CPIP en situation effective de travail diminue, les arrivées ne comblant pas tous les départs.

On ment à la société toute entière en laissant entendre que l’on se préoccupe de la prévention de la récidive alors que les personnels chargés de cette mission n’ont pas les moyens de faire vraiment leur travail.

Pire, il ne sert à rien d’annoncer ce projet de loi pénale s’il n’est pas possible d’y croire tant les services sont en détresse.

Notre service, comme beaucoup d’autres, devient un champ de ruine, à qui on reprochera encore et toujours de ne pas accomplir la mission qui est la sienne. Notre administration est dans l’incapacité de nous donner des directives pour faire face à notre charge de travail. L’organisation de notre service doit trop souvent être revue pour pallier les urgences, les cadres s’épuisent à chercher des solutions sans ressources supplémentaires, les agents se désespèrent et en viennent à se poser la question de la réelle volonté de leur ministère à voir leur service fonctionner.

Que dire d’une administration qui a laissé, du fait de sa gestion erratique des ressources humaines, notre région en situation problématique depuis des années, et qui ordonne aujourd’hui la non reconduction des emplois de contractuels de tous les SPIP, sans se préoccuper des conséquences sur

leur activité ?

Que dire d’une administration qui, pendant que ses personnels se débattent pour assumer leurs missions, refuse depuis plus d’un an de rétablir la souplesse d’organisation que le décret de 2001 sur l’aménagement du temps de travail prévoyait, au prétexte qu’un logiciel récemment installé ne le permet pas ?

Que dire d’une administration qui ordonne aux responsables de ses services de ne pas payer les factures ?…

Que dire d’une administration qui reconnaît la nécessité de psychologues dans les SPIP, annonce la création de 103 emplois dont 20 pour 2013, met en place les procédures de recrutement, puis décide d’attendre novembre pour leur embauche ?

Que dire d’une administration qui met en place de nouveaux dispositifs, avec les moyens nécessaires, qui en constate les résultats positifs, et qui les sabote en obligeant les services à renoncer à ces dispositifs (PPR, QCP…) faute de personnel ?

Le résultat d’une telle politique est le dégout des personnels pour leur métier tel qu’ils sont obligés de l’exercer, la fuite vers d’autres emplois, la multiplication des arrêts de travail.

Aussi, nous nous permettons, madame la ministre, vous qui n’avez jusqu’alors visité qu’un seul SPIP, de vous inviter à NANTES pour rencontrer les personnels, échanger avec eux sur leur métier, son sens et ses difficultés, ainsi que sur leurs conditions de travail.

le 3 septembre 2013

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